Des experts indépendants des droits de l’homme de l’ONU ont appelé jeudi la Tunisie à garantir un procès équitable à Sihem Bensedrine, l’ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), estimant que son arrestation pourrait « s’apparenter à un harcèlement judiciaire ».
Mme Bensedrine a été arrêtée et écrouée le 1er août, à la suite d’une plainte d’un membre de l’IVD l’accusant d’avoir falsifié des parties du rapport final de cette instance publié en 2020. L’IVD a été instaurée après la Révolution de 2011 en Tunisie pour faire la lumière sur les violations des droits humains des années de dictature.
« Dans un contexte marqué par la répression de nombreuses voix dissidentes, l’arrestation de Mme Bensedrine soulève de sérieuses inquiétudes quant au respect du droit à la liberté d’opinion et d’expression en Tunisie et a un effet dissuasif sur les journalistes, les défenseurs des droits humains et la société civile en général », ont déclaré les experts dans un communiqué. « Cette arrestation pourrait s’apparenter à un harcèlement judiciaire », estiment-ils.
Les experts indépendants, qui ne s’expriment pas au nom de l’ONU, avancent que cette arrestation « semble viser à discréditer les informations contenues dans le rapport de l »Instance, qui pourraient donner lieu à des poursuites judiciaires contre les auteurs présumés de la corruption sous les régimes précédents ».
Ils demandent « le strict respect du droit de Madame Bensedrine aux garanties judiciaires, y compris le droit à un procès équitable dans le respect des procédures, de l’impartialité et de l’indépendance, et la cessation des procédures abusives et des représailles à son encontre ».
Créée en 2014, dans le sillage de la révolution ayant mis fin à la dictature en 2011, l’IVD a été chargée de répertorier les violations commises par des représentants de l’Etat entre 1955 et 2013, une période qui couvre la présidence de Habib Bourguiba (1957-1987), de son successeur Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011), mais aussi les troubles post-révolutionnaires.