Samedi 4 décembre 2021, l’UGTT a organisé un grand rassemblement à la place de la Kasbah, à l’occasion de la commémoration de l’assassinat du leader Farhat Hached.
La mobilisation des syndicalistes a été importante et le secrétaire général de la centrale, Noureddine Taboubi a prononcé une allocution où il a, entre autres, appelé le chef de l’Etat à présenter une feuille de route claire et précise, dénonçant l’absence de dialogue.
Selon les estimations du ministère de l’Intérieur environ 8000 syndicalistes étaient présents lors de cette manifestation.
Ainsi durant son allocution du 4 décembre 2021 à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de Farhat Hached, le secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Noureddine Taboubi a affirmé l’attachement de la centrale syndicale à la démocratie et aux droits humains.
Noureddine Taboubi a affirmé que l’UGTT était préoccupée par le flou caractérisant la situation actuelle en Tunisie, ainsi que l’instabilité politique et la dégradation de la situation.
« Le pays traverse une phase dont on ignore l’issue ! Les rivalités ont triomphé sur la situation actuelle du pays ! Tous les indicateurs montrent l’impact des politiques lacunaires appliquées durant les dernières années ! », s’est-il exclamé.
La Tunisie témoigne d’une perturbation du dialogue et d’une baisse du taux de confiance, selon Noureddine Taboubi. Il a souligné la détérioration des infrastructures et des services publics et la hausse du taux de chômage. Il a déploré la dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens causée par la hausse continue des prix.
Par la suite, Noureddine Taboubi a évoqué la question des déchetteries anarchiques sur l’ensemble du territoire. Il a salué, à cette occasion, les ouvriers et travailleurs des municipalités. Il a affirmé que l’UGTT soutenait la grève du 10 décembre de Sfax en raison de l’absence d’une stratégie en matière environnementale.
Le secrétaire général de la centrale syndicale a, également, évoqué l’impunité et l’absence de poursuite à l’encontre de ceux qui enfreignent la loi. Il a souligné la gravité de la situation au sein du secteur de l’enseignement et la situation des établissements scolaires.
« L’administration tunisienne a été rongée par la corruption. Elle a fait face à plusieurs tentatives visant à l’impliquer dans les querelles politiques », a-t-il poursuivi.
Noureddine Taboubi a conclu que l’ensemble de ces éléments ont conduit à:
« Nous réaffirmons que notre organisation représente une force de proposition et une composante essentielle de l’équilibre, de militantisme et du processus de réforme politique et de la transition démocratique en Tunisie », a-t-il déclaré.
Il a rappelé que l’UGTT avait accueilli avec optimisme l’annonce des mesures exceptionnelles annoncées par le président de la République du 25 juillet 2021 et son engagement dans la tenue d’un dialogue national.
« Nous restons attachés à l’accompagnement des mesures exceptionnelles par une feuille de route claire et précise afin de déterminer les traits d’une nouvelle Tunisie bâtie selon le modèle d’un État civil, démocratique et social. Actuellement, nous craignons les atteintes aux acquis de notre peuple, non-pas en raison de la suspension de la constitution et de l’activité parlementaire, mais à cause de l’hésitation dans l’annonce de la délimitation dans le temps de l’application des mesures exceptionnelles, d’une feuille de route claire mettant fin aux pressions étrangères et réinstaurant la relation de confiance… Cette feuille de route doit être formulée à travers un dialogue national franc et regroupant l’ensemble des forces attachées à la souveraineté nationale, à la liberté et à la justice sociale », a-t-il insisté.
Noureddine Taboubi a considéré que l’absence de dialogue et d’approche inclusive portera atteinte à la Tunisie et à la paix sociale. Il a affirmé que la clarté était le seul moyen permettant de réinstaurer une relation de confiance.
Le secrétaire général de l’UGTT a appelé à la séparation des pouvoirs, la révision de la loi électorale et de la loi relative au parti politique, à la réinstauration des institutions constitutionnelles et à la tenue d’élections générales anticipées.
« La Tunisie doit se doter d’une cour constitutionnelle indépendante et non soumise aux pouvoir politiques… Nous appelons à une troisième voie baptisée le sauvetage de la Tunisie… L’Etat passe avant les individus », a-t-il ajouté.
Noureddine Taboubi a affirmé l’opposition de l’UGTT à toute tentative d’infiltration et d’attaque à l’encontre de la justice tunisienne. Il a appelé à l’application du rapport de l’Inspection générale du ministère de la Justice.
Le secrétaire général a, également, averti contre l’impact de l’indécision et de l’hésitation en matière de lutte contre la corruption et la spéculation et l’application des accords sociaux.
Noureddine Taboubi a considéré que le gouvernement Bouden devait se doter d’une vision et d’un programme afin de ne pas connaître le même sort que celui des anciens gouvernements.
Noureddine Taboubi a, également, mis en garde contre les nominations résultant des appartenances et allégeances politiques portants atteintes à l’administration et aux institutions publiques.