L’URSS a toujours été présente en Afrique où elle est entrée au moment des indépendances. Sa chute a entraîné un repli, mais la Russie de Poutine est repartie, souvent discrètement, à l’assaut du continent pour contrer les Occidentaux et principalement la France. En octobre 2019 à Sotchi, lors du premier sommet Russie-Afrique, Vladimir Poutine a été clair : « La Russie veut renforcer ses relations avec l’Afrique ». Et de dire son intérêt pour de nombreux secteurs ! agro-alimentaire, énergie, mines, infrastructures, santé, technologies numériques… Le volume des changes était encore faible, moins de la moitié de ceux entre l’Afrique et la France, mais Moscou prenait date et n’a cessé d’avancer ses pions. Voyant les difficultés de Paris face au terrorisme djihadiste, Poutine laissait miroiter une aide plus efficace. Au Sahel, la Russie « cherche à s’imposer, à s’infiltrer dans les interstices et toujours à nous discréditer » dénonçait il y a quelque mois Florence Parly, la ministre française des Armées. Pour convaincre les Africains, la Russie met en avant sa vitrine centrafricaine où le groupe Wagner avec lequel Poutine prétend n’avoir aucun lien. Là, avec une violence reconnue par l’ONU, les mercenaires soutiennent un président contesté et mènent le combat contre les opposants. Mais ils protègent aussi les mines d’or, d’argent et d’uranium en échange de contrats pour Moscou d’exploitation de richesses naturelles. La manière chinoise…
Les mercenaires de Wagner se sont maintenant installés au Soudan, en Angola, en Guinée, au Mozambique, en Afrique du Sud, au Congo… Moscou a signé des accords de coopération avec une vingtaine de pays du continent. Aujourd’hui, le Mali pourrait bien tomber dans les filets russes. Depuis son indépendance, le pays entretient des relations avec Moscou et le putschiste Assimi Goïta comme son numéro deux Sadio Camara, a été formé dans les écoles militaires russes. Depuis le coup d’Etat, ils regardent vers la Russie qui les courtisent. Mardi, le ministère malien de la défense a admis l’existence de pourparlers avec le groupe Wagner : « Le Mali entend désormais diversifier et à moyen terme ses relations pour assurer la sécurité du pays. Nous n’avons rien signé avec Wagner, mais nous discutons avec tout le monde ». En échange de ses services à neuf millions d’euros par mois, Wagner et donc la Russie aurait la concession de trois sites miniers.
Pour Paris, un accord entre Bamako et le groupe qui appartiendrait au milliardaire proche de Poutine Evguéni Prigojine est “incompatible” avec le maintien d’une force français a réagi avec colère le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. La chancelière allemande est sur la même ligne de retrait total. Bamako est face à un choix : quelque mille mercenaires russes ou des forces françaises et européennes appuyées par le renseignement américain pour lutter contre les terroristes djihadistes ? On peut penser que les filiales de l’Etat islamique ou d’Al Qaïda choisiraient Wagner… Les putschistes de Bamako tireraient peut-être des profits personnels en optant pour la Russie, mais le Mali ?