Dix millions de personnes, soit plus d’un quart de la population en Ukraine, ont désormais fui leurs foyers en raison de la guerre « dévastatrice » menée par la Russie, a déclaré dimanche le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés Filippo Grandi. « Parmi les responsabilités de ceux qui font la guerre, partout dans le monde, il y a les souffrances infligées aux civils qui sont forcés de fuir leurs maisons », a-t-il ajouté. Environ 90% des personnes qui ont fui sont des femmes et des enfants. Les hommes âgés de 18 à 60 ans peuvent être appelés sous les drapeaux et ne peuvent pas partir.
Petit à petit l’armée russe encercle Kiev et il n’y a plus qu’une route qui permette de fuir la ville. La journaliste Agnès Vahramian témoigne en direct de la capitale : La stratégie des forces russes est « d’étouffer les villes, et Kiev bien sûr, puisque c’est là que bat le cœur de l’Ukraine », indique la journaliste Agnès Vahramian, en direct de Kiev (Ukraine), samedi 19 mars. Pour « asphyxier » la grande métropole ukrainienne, Vladimir Poutine a installé ses chars aux portes de la ville. « Nous sommes cernés ici », constate la journaliste. « Mais Vladimir Poutine n’a pas réussi à couper la route du sud, cette autoroute E95 que nous avons empruntée ». Cette route qui file vers Odessa est le dernier lien entre Kiev et le reste de l’Ukraine.
Les forces de Poutine ont encore frappé durement Marioupol ont annoncé ce dimanche les autorités de la ville : « Hier (samedi), les occupants russes ont largué des bombes sur l’école d’art G12 située sur la rive gauche de Marioupol, où 400 habitants de Marioupol — des femmes, des enfants et des personnes âgées — s’étaient réfugiés », a déclaré la municipalité de cette cité portuaire assiégée par les forces de Moscou. « Nous savons que le bâtiment a été détruit et que des gens pacifiques sont toujours sous les décombres. Aucun bilan n’est disponible concernant le théâtre bombardé il y quelques jours. D’autre part, l’usine sidérurgique et métallurgique Azovstal de Marioupol, l’une des plus grandes d’Europe, a été fortement endommagée par des bombardements russes.
Ce dimanche, le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kirilenko, a accusé Moscou d’avoir « déporté de force plus de 1.000 habitants de Marioupol » vivant dans l’est de la ville vers la Russie, sans préciser quand les faits auraient eu lieu.
La Russie a affirmé, pour le deuxième jour consécutif, avoir utilisé des missiles hypersoniques en Ukraine, cette fois pour détruire une réserve de carburant de l’armée ukrainienne dans le sud du pays. « Une importante réserve de carburant a été détruite par des missiles de croisière Kalibr tirés depuis la mer Caspienne, ainsi que par des missiles balistiques hypersoniques tirés par le système aéronautique +Kinjal » depuis l’espace aérien de la Crimée », a déclaré le ministère de la Défense dans un communiqué. Le ministère a ajouté que cette frappe s’était produite dans la région de Mykolaïv, sans toutefois préciser la date. Selon le ministère, la cible détruite était « la principale source d’approvisionnement en carburant des véhicules blindés ukrainiens » déployés dans le sud du pays. Ces affirmations ne pouvaient pas être vérifiées de manière indépendante dans l’immédiat.
Le président Volodymyr Zelensky ne cesse de s’exprimer pour soutenir le moral d son peuple, appeler au secours er dénoncé les crimes russes. Ce matin ,il s’est indigné dimanche, dans un discours, contre le siège de Marioupol. Il « entrera dans l’histoire pour répondre de crimes de guerre », a-t-il déclaré. Infliger « une chose pareille à une ville paisible (…), c’est un acte de terreur dont on se souviendra même au siècle prochain ».
Côté négociations la Turquie a assuré, ce dimanche, que la Russie et l’Ukraine avaient fait des progrès dans leurs pourparlers pour mettre un terme à l’invasion russe et étaient proches d’un accord. « Bien sûr, ce n’est pas une chose facile que de parvenir à s’entendre pendant que la guerre continue, que des civils sont tués, mais nous voudrions dire que la dynamique progresse », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères depuis la province méridionale d’Antalya.