Inimaginable : Valérie Pécresse lance un appel aux dons pour couvrir son emprunt personnel de cinq millions d’euros. Avec moins de 5% des voix, elle ne sera pas remboursée de ses frais de campagne. Qui aurait cru que cela pouvait arriver au parti de Nicolas Sarkozy ? Qui aurait cru que le parti socialiste était pratiquement rayé de la carte politique ? Si ce sont les deux mêmes qui seront en lice le 24, ce n’est plus du tout le même duel, la même France. Un séisme l’a frappé dimanche.
Terminé le clivage gauche-droite déjà mis à mal en 2017, il est remplacé par trois pôles avec Macron au centre, Le Pen à droite et Mélenchon à gauche. Deux extrêmes et un central. Sans oublier le quatrième, celui des abstentionnistes. La division est également géographique avec l’Ouest favorable au président, l’Est à sa rivale.
Pas la même France qui depuis cinq ans a connu les gilets jaunes puis le covid qui ont changé la perception qu’ont ses citoyens de la chose politique, de la vie démocratique. Pôle contre pôle, « élites » contre peuple, progrès contre repli…
Pas les mêmes candidats non plus. Emmanuel Macron est le président sortant et non plus l’inconnu, la surprise qui promet la fin de la vieille politique. Aujourd’hui, c’est l’homme d’un bilan controversé à défendre, le candidat qui promet « une méthode nouvelle » et « une réponse sociale ». Marine Le Pen ne se présente plus comme la candidate anti immigration, anti Europe. Elle a tiré des leçons de ses échecs et Eric Zemmour l’a fait apparaître presque modérée. C’est plutôt elle la surprise, elle a changé son image. Une façade car sur le fond, elle n’a pas changé et plongerait le pays dans un inconnu dangereux plus proche de la Hongrie d’Orban que de l’Allemagne de Scholz. Le débat sera animé, musclé. De la « castagne » prévoit Macron.
Pécresse et la majorité des républicains voteront Macron, les socialistes Anne Hidalgo et Olivier Faure aussi, tout comme l’écologiste Yannick Jadot et le communiste Fabien Roussel. Pas forcément suffisant pour dépasser les 50%. Pareil pour Marine Le Pen qui a le soutien de Zemmour et de Dupont-Aignan. Elle compte sur les électeurs de Mélenchon même s’il a répété « pas une voix pour Marine Le Pen » . Et sur les abstentionnistes comme Macron. Douze jours pour convaincre les uns et les autres, pour unir. Le Rassemblement national y croit. Le trou de souris trop étroit pour laisser passer « la tortue sagace » Mélenchon sera-t-il à la taille de l’amie des chats. Les sondeurs, aujourd’hui, répondent non, mais compte tenu de la marge d’erreur… Rien n‘est joué.