Si pour de nombreux Russes, l’effet le plus concret des sanctions internationales qui frappent le pays est la hausse des prix dans les magasins (16,7% sur un an en mars, du jamais vu depuis 2015), pour une partie de la -maigre- classe moyenne, un autre a été la décision de Visa et Mastercard de suspendre leurs opérations dans le pays.
La conséquence de cette mesure est double : les cartes bancaires russes ne fonctionnent plus à l’étranger, et les cartes étrangères ne fonctionnent plus en Russie. De nombreux russes se sont retrouvés brutalement coupés de services numériques auxquels ils s’étaient habitués, comme Netflix, YouTube et autres. Plusieurs agences de voyage russes proposent d’ores et déjà des séjours de « tourisme bancaire » dans des pays voisins, principalement comme l’Arménie et l’Ouzbékistan.
« Dans ces deux pays, la plupart des gens sont russophones, et c’est très important pour nos clients« , explique Ivetta Berdian, directrice de la publicité de l’agence BSI à Moscou, qui commercialisait déjà, il y a quelques mois, des séjours-vaccination pour les russes en recherche de doses de Pfizer ou de Moderna introuvables dans leur pays.
« C’est la demande qui créé l’offre« , justifie Ivetta Berdian, « nous travaillons avec de nombreuses entreprises, pour leurs voyages d’affaires, qui nous ont expliqué qu’elles avaient un besoin vital de moyens de paiement internationaux ». Un séjour est facturé aux alentours de 600 euros, auquel on peut adjoindre un accompagnement bancaire. « Le service coûte 250 dollars et comprend l’accompagnement du client à la banque ainsi que les documents notariés pour l’émission la carte bancaire et l’ouverture du compte », détaille Mme Berdian. Une somme importante, même pour un Russe de la classe moyenne.