Le maire de Zouara, sur la côte ouest, ne veut plus de migrants dans sa ville. Et il le fait savoir. Lors d’une récente réunion avec des représentants du gouvernement, à Tripoli, Hafedh Ben Sassi a demandé l’aide des autorités et des instances internationales pour repousser les exilés de sa ville. « Au lieu de les aider à s’installer [à Zouara], les organisations doivent nous aider à renvoyer les migrants chez eux ou les inciter à régulariser leur situation », a-t-il exhorté. « Nous ne recevons aucune aide de notre gouvernement, et nous sommes laissés seuls pour affronter cette situation ».
Zouara est connue pour être un lieu de départ des migrants vers l’Europe, via la mer Méditerranée. Environ 18 000 étrangers vivent dans la commune de 40 000 habitants. Un nombre beaucoup trop élevé pour Hafedh Ben Sassi. Si autant de migrants sont coincés dans cette ville côtière, c’est que beaucoup d’entre eux ne parviennent pas à quitter la Libye. Les garde-côtes libyens, formés et équipés par l’Union européenne – deux nouvelles vedettes viennent d’être livrées par les Italiens – interceptent de plus en plus de canots en route vers les côtes européennes. L’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, apporte aussi son aide aux autorités libyennes, via des drones et des avions, en leur indiquant la position des bateaux en mer, signalent les ONG.
Depuis le début de l’année, 4 013 personnes ont été renvoyées en Libye, selon les données de l’Organisation internationale des migrations (OIM). L’an dernier, ce sont 32 425 exilés au total qui ont connu le même sort. Un chiffre jamais enregistré, ils étaient trois fois moins élevés en 2020. Après avoir été interceptés en mer, les migrants sont transférés dans les prisons libyennes, tristement célèbres pour leurs conditions de vie désastreuses. Quand ils parviennent à sortir de détention, en échange d’une rançon s’élevant à plusieurs centaines d’euros, beaucoup reprennent la route vers l’ouest de la Libye, qui concentre la majorité des départs.