Les frappes russes se poursuivent dans plusieurs régions du pays, mais la contre-offensive ukrainienne sur Kherson semble progresser. Le gouverneur de l’oblast de Kherson a déclaré que quarante-six villages de la région auraient été repris aux Russes par les Ukrainiens. « La plupart se trouvent dans le Nord, qui borde la région de Dnipropetrovsk, et un peu au Sud, à la frontière avec la région de Mykolaïv », a précisé Dmytro Butrii, cité par Interfax Ukraine. Toujours d’après le gouverneur, certains sont « détruits à 90 % » et sont toujours sous le feu des bombardements. Il est toujours recommandé à la population d’évacuer la région.
Les renseignements ukrainiens ont par ailleurs déclaré d’importants mouvements de troupes russes vers le sud de l’Ukraine. Ils « se préparent à notre contre-offensive [dans le sud de l’Ukraine] et peut-être à lancer leur propre offensive », a estimé Vadym Skibitsky, porte-parole de la principale agence de renseignement du ministère ukrainien de la défense.
Le premier bateau
L’Union européenne et l’Otan ont salué ce lundi le départ d’Ukraine d’un premier navire chargé de céréales et réclamé la « mise en œuvre totale » de l’accord conclu à Istanbul pour la reprise des exportations ukrainiennes.

« Il s’agit d’une première étape très importante et bienvenue, et nous attendons avec impatience la mise en œuvre de l’ensemble de l’accord avec la reprise des exportations ukrainiennes vers les clients du monde entier affectés par la crise alimentaire » provoquée par blocus des ports ukrainiens par la Russie, a déclaré Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a pour sa part remercié la Turquie pour le « rôle central » joué dans la conclusion de cet accord.
« Les alliés de l’Otan soutiennent fermement la mise en œuvre intégrale de l’accord visant à atténuer la crise alimentaire mondiale causée par la guerre de la Russie en Ukraine », a-t-il souligné dans un message sur son Twitter.
Un premier bateau, le Razoni, a quitté le port d’Odessa chargé de 26.000 tonnes de maïs à destination du Liban. Il est attendu le 2 août à Istanbul où il doit être inspecté sous l’autorité du Centre de coordination conjointe (CCC), inauguré mercredi dernier.
« Le Liban dépend des exportations de céréales ukrainiennes et il est un des pays les plus touchés par la crise alimentaire », a souligné Peter Stano.
« Le Liban a refusé l’envoi de céréales ukrainiennes volées et nous nous félicitons qu’il soit le premier destinataire des exportations légales », a-t-il précisé.
L’accord signé le 22 juillet à Istanbul entre la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations unies permet la reprise des exportations ukrainiennes sous supervision internationale.
Un accord similaire signé simultanément garantit à Moscou l’exportation de ses produits agricoles et engrais. Contrairement aux Ukrainiens, les bateaux russes ne seront pas inspectés.
Nouvelles armes occidentales
Le ministre de la défense ukrainien, Oleksii Reznikov, a annoncé sur Twitter la réception d’un nouveau système de lance-roquettes multiple (MLRS) MARS II envoyé par l’Allemagne. Il a également fait part de l’arrivée de quatre nouveaux Himars américains, permettant des frappes très précises jusqu’à 80 kilomètres et dont les Ukrainiens font un usage remarqué depuis plusieurs semaines. D’après M. Reznikov, les Ukrainiens auraient détruit cinquante dépôts de munitions russes grâce à des équipements dont la réception a constitué, selon les mots prononcés mi-juillet par Oleksiy Arestovych, conseiller du cabinet présidentiel ukrainien, un « tournant dans la guerre ».
L’armée russe assure, de son côté, avoir détruit deux Himars lors d’une frappe sur une usine à Kharkiv. Elle dit aussi avoir détruit deux dépôts de munition à Siversk et Kalenyky, dans la région de Donetsk, et un dépôt de carburant près de Nikopol (sud-est).
Nord Stream 1 : pas de réparations

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dit ce lundi que la Russie n’était pas en mesure de contribuer aux réparations nécessaires des équipements défectueux du gazoduc Nord Stream 1.
Moscou a réduit la semaine dernière ses livraisons via ce gazoduc, la plus grande liaison gazière russe vers l’Europe, à seulement 20 % de sa capacité, expliquant qu’une turbine envoyée au Canada pour maintenance n’était pas encore revenue et que d’autres équipements devaient également être réparés. « Il y a des dysfonctionnements qui nécessitent des réparations urgentes et il y a certaines difficultés artificielles qui ont été causées par les sanctions », a déclaré le porte-parole du Kremlin. « Cette situation a besoin d’être corrigée et la Russie n’est guère en mesure d’y contribuer », a-t-il ajouté.
Le groupe allemand Siemens Energy, chargé de l’entretien de la turbine, a déclaré qu’il n’avait pas accès aux turbines sur le site et qu’il n’avait reçu aucun rapport de dommages de la part de Gazprom, et qu’il devait donc supposer que les turbines fonctionnaient normalement.
Reconstruction à Marioupol
Les premiers bâtiments en reconstruction à Marioupol, ville portuaire du sud-est de l’Ukraine dévastée par des semaines de bombardements, seront inaugurés en septembre, a annoncé la Russie, qui occupe désormais cette localité. « Les premiers immeubles seront prêts en septembre. Les premiers hôpitaux seront prêts », a déclaré le vice-premier ministre russe Marat Khousnoulline dans une interview à la chaîne de télévision russe RBK TV publiée ce lundi.
Vendredi, ce dernier avait présenté au président Vladimir Poutine un plan pour reconstruire Marioupol en trois ans, un objectif qui semble ambitieux, compte tenu de l’ampleur des destructions. Le port stratégique de Marioupol a été conquis en mai par les forces russes après des semaines de siège qui ont dévasté une grande partie de la ville. Immeubles d’habitation, écoles, commerces, rues : rien n’a été épargné. Pour l’heure, les habitants de Marioupol continuent de souffrir de pénuries multiples, avec le rétablissement très parcellaire de l’eau et de l’électricité.