La Russie a mené des bombardements aériens et des tirs d’artillerie dans la région de Zaporijia, a annoncé l’état-major ukrainien dans son point de situation. Ces attaques surviennent à la veille de la fête nationale ukrainienne, qui commémore la déclaration d’indépendance de 1991. Invoquant la menace de nouvelles attaques, le gouvernement a interdit les célébrations publiques. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a averti que Moscou pourrait tenter « quelque chose de particulièrement odieux et cruel » à l’approche du 31e anniversaire de l’indépendance, mercredi, dont la date marque le sixième mois de l’invasion du pays par la Russie.
Les craintes de nouvelles attaques se sont accrues après que le Service fédéral de sécurité russe (FSB) a accusé lundi des agents ukrainiens d’avoir assassiné Daria Douguina, dans un attentat à la voiture piégée près de Moscou.
Vu de Londres
Dans son rapport quotidien, le ministère de la défense britannique affirme qu’au cours du week-end, les troupes russes auraient commencé « à déplacer des barges pour construire un important pont flottant sur le Dniepr, juste à côté du pont routier Antonivsky », qui est, lui, endommagé. Ce pont permet de relier la ville de Kherson, ville du Sud occupée par la Russie, et l’est de l’Ukraine.
Depuis plusieurs semaines, les forces russes et les civils doivent prendre un ferry pour traverser le Dniepr, souligne l’organe de renseignement britannique, et la mise en place de ce pont flottant permettrait à la Russie d’augmenter la capacité du point de passage. Toutefois, « un pont flottant serait probablement encore vulnérable face à une action offensive ukrainienne ».
Des négociations…

Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a affirmé, lundi, à l’Agence France-Presse, que, depuis des semaines, Moscou « cherche à convaincre l’Ukraine d’entrer en négociations » pour « geler le conflit tout en préservant le statu quo dans les territoires ukrainiens occupés ».
M. Podoliak estime qu’en réalité Moscou « ne souhaite pas un dialogue » de paix sérieux mais cherche à obtenir « une pause opérationnelle pour son armée » avant de lancer « une nouvelle offensive ».
Kiev rejette, de son côté, toute solution négociée pour les territoires sous occupation russe, qu’elle aspire à reprendre, tout comme ceux sous contrôle des séparatistes prorusses dans l’Est et la Crimée annexée en 2014.
« Tous les autres scénarios (…) ne représentent qu’une pause opérationnelle dangereuse avant un nouveau round de la guerre », a estimé M. Podoliak, tout en assurant que « les Ukrainiens résisteront le temps qu’il faudra ».
« C’est une guerre existentielle, nous n’avons pas d’autre solution. Abandonner la lutte signifiera non seulement la destruction de l’Etat ukrainien mais aussi celle de tous ses civils », a-t-il insisté.
Washington : alerte de sécurité
Le département d’Etat américain a publié, lundi, une alerte de sécurité avertissant que la Russie intensifiait ses efforts pour lancer des frappes contre les infrastructures civiles et les installations gouvernementales de l’Ukraine dans les prochains jours.
L’ambassade des Etats-Unis à Kiev a exhorté les citoyens américains encore en Ukraine à quitter le pays immédiatement.
Selon un responsable américain sous couvert d’anonymat, le département d’Etat a lancé l’alerte après que les services du renseignement américain ont déclassifié, lundi, un document qui estime que la Russie ciblerait de plus en plus les infrastructures civiles ukrainiennes.
Macron : aucune faiblesse

Le président français a exhorté la communauté internationale à ne faire montre d’« aucune faiblesse, aucun esprit de compromission » face à la Russie, alors que la guerre en Ukraine entrera, mercredi, dans son septième mois. « Nous ne pouvons (…) avoir aucune faiblesse, aucun esprit de compromission, parce qu’il y va de notre liberté à toutes et à tous, et de la paix dans toutes les parties du globe », a-t-il lancé dans un message vidéo au deuxième sommet de la Plate-forme de Crimée, initiative diplomatique de l’Ukraine et de Volodymyr Zelensky, conçue comme un mécanisme de coordination et de consultation internationale pour mettre fin à l’occupation de la Crimée par la Russie. Emmanuel Macron a une nouvelle fois appelé la Russie « à cesser les hostilités, à retirer ses troupes de l’intégralité du sol ukrainien et à faire le choix de la diplomatie pour rebâtir la paix ». Les Européens sont prêts à soutenir le « combat » de l’Ukraine « dans la durée », a-t-il ajouté à l’attention du président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Les dirigeants occidentaux ont mis en garde mardi la Russie contre toute annexion du territoire ukrainien .
Le championnat de football reprend
Après une longue pause forcée en raison de la guerre, le championnat ukrainien de football a repris, ce mardi, à Kiev.
Le majestueux stade olympique de la capitale a accueilli de prestigieux matchs ces dernières années, mais aucun n’aura une symbolique aussi forte que la rencontre d’ouverture entre le Chakhtar Donetsk et le Metalist Kharkiv, clubs de deux villes de l’est de l’Ukraine qui se battent actuellement contre l’invasion russe
Aucun spectateur n’était présent dans le stade de 65 000 places situé en centre-ville et si les sirènes antiaériennes retentissaient, les joueurs devaient se précipiter vers les abris anti bombes.
La ligue de seize équipes redémarre d’ailleurs sans les clubs de Desna Tchernihiv et Marioupol, des équipes dont les villes ont subi une destruction brutale.