Plus de 30 000 déplacés ont fui le récent conflit ethnique qui oppose les tribus Berti et Haoussa au Soudan, a-t-on appris vendredi des médias étrangers. En juillet, 105 Soudanais ont été tués et 31 000 déplacés après un affrontement entre les Haoussas, l’un des plus grands groupes ethniques d’Afrique, et les Bartas, autre tribu africaine qui se revendique comme celle des habitants originels de l’Etat du Nil Bleu, frontalière de l’Ethiopie.
« Les tirs n’ont pas arrêté, de jour comme de nuit » pendant une semaine, a raconté M. Haroun, qui vit désormais dans une école de Damazine, le chef-lieu du Nil Bleu. En quelques heures, le bâtiment a été transformé en camp de déplacés pour accueillir les familles qui accouraient des villages alentour devenus champs de bataille. A travers le pays, des manifestants pro-démocratie ont répondu par des cortèges « pour la coexistence » et « contre le tribalisme« . Dans le Nil Bleu, des dignitaires tribaux ont signé un cessez-le-feu sous conditions et la vraie réconciliation se fait toujours attendre, laissant planer le spectre de la violence.
Depuis le putsch du général Abdel Fattah al-Burhane en octobre 2021, cette menace pèse dans tous les Etats du Soudan. Avec le vide sécuritaire laissé par Khartoum — occupé à mobiliser les forces de l’ordre contre les manifestants anti putsch et étranglé financièrement par les sanctions internationales — groupes armés et tribus peuvent faire régner la loi du plus fort. Dans le Nil Bleu, la violence s’est transformée : sous la dictature islamo-militaire d’Omar el-Béchir (1989-2019), rebelles et régime s’y livraient une guerre meurtrière.
Mais les conflits tribaux, pour l’accès à l’eau ou à la terre, qui déchirent les autres Etats étaient une rareté.