La rentrée scolaire, ce mercredi 21 septembre, est marquée par l’introduction de l’anglais dès l’école primaire. Une décision express, annoncée en juin et mise en place en moins de trois mois. Une décision aussi très politique. Le 19 juin 2022, juste avant les vacances d’été, l’instruction du président algérien Abdelmadjid Tebboune avait pris tout le monde de court. Dès la rentrée de septembre 2022, les petits Algériens n’attendraient plus le collège pour commencer l’apprentissage de l’anglais mais auraient droit, dès l’équivalent de la classe de CE2, à deux séances de 45 minutes par semaine. L’anglais est la langue universelle, tandis que le français, déjà enseigné en primaire, est un butin de guerre, avait expliqué le président algérien, reprenant une célèbre expression de l’écrivain Kateb Yacine.
Cela laissait seulement trois mois au ministère de l’Éducation pour mettre en place l’oukase présidentiel ! Force est de constater qu’il y est parvenu, au moins sur le papier. Un programme a été imaginé et imprimé dans un court manuel distribué à un million et demi d’exemplaires ; environ 5 000 professeurs contractuels ont été recrutés début août et invités à une formation express. Le ministère a eu l’embarras du choix puisque 60 000 Algériens ont postulé ! Certains s’interrogent cependant sur les critères de sélection, très bureaucratiques, qui ont privilégié l’ancienneté des diplômes sur le niveau réel d’anglais… Mais l’interrogation majeure demeure celle de la pertinence d’une mesure dans un système scolaire déjà plombé par une pénurie de professeurs, des travaux de réhabilitation inachevés, des classes de 60 élèves dans des locaux prévus pour 40…