Les syndicats seront-ils bientôt réduits au silence ? C’est la crainte du président du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura qui s’est confié à Jeune Afrique. Les autorités ont lancé une révision de la loi sur l’exercice du droit syndical mais aussi sur la prévention et le règlement des conflits au travail.
Comme décidé lors du Conseil des ministres du 23 octobre, l’exécutif peaufine la liste des secteurs de l’État jugés « sensibles », et dans lesquels les mouvements sociaux pourraient bientôt ne plus être plus autorisés.
Le prochain texte de loi devrait également, écrit JA, délimiter les frontières entre la pratique syndicale et la pratique politique, fixer les modalités de création d’un syndicat et les conditions requises pour y adhérer, afin de mettre fin à la « transhumance syndicale ».
Cette annonce fait craindre à certains une dérive vers une forme de criminalisation de l’exercice syndical. « Pourquoi une nouvelle loi, si ce n’est pour entraver le droit à la grève ? Ce texte fait vraiment peur », s’inquiète un professeur du secondaire dénonçant l’absence de discussions autour du projet de loi.
Quant aux secteurs potentiellement concernés par ce projet, les responsables syndicaux pensent déjà les connaître. « Au regard de la façon dont le projet de loi est présenté, il n’y a aucun suspense, estime Lyes Merabet président du syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). Ce sont les secteurs de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la santé qui seront concernés, puisque le texte appelle à éviter le chevauchement entre ce qui est professionnel et pédagogique. C’est une exception algérienne, aucun pays au monde ne circonscrit le droit de grève à certains secteurs ! »