Premier exportateur africain de phosphates, le Maroc met à profit sa première ressource naturelle pour rallier des soutiens diplomatiques à sa position sur le dossier primordial du Sahara occidental, selon les analystes.
Pour la deuxième année consécutive, le royaume enregistre des recettes records grâce aux exportations de phosphates, bénéficiant de l’envolée des prix de ce minerai vital pour la sécurité alimentaire de l’Afrique depuis les perturbations liées à la guerre en Ukraine.
Le Maroc est le 2e producteur de phosphates au monde après la Chine et détient 70% des réserves mondiales.
« C’est un minerai stratégique pour l’avenir car crucial pour la sécurité alimentaire mondiale », explique à l’AFP, relayé par Challenge, Abderrahim Handouf, spécialiste des politiques agricoles.
La production internationale reste limitée et « les tensions géopolitiques pourraient imposer de nouvelles contraintes d’approvisionnement à court terme », relève un récent rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Dans ce contexte, le phosphate est devenu un instrument pour le Maroc dans sa détermination à régler en sa faveur l’interminable conflit du Sahara occidental, qui l’oppose aux indépendantistes sahraouis soutenus par l’Algérie.
Les engrais sont le « joker gagnant de la diplomatie » marocaine tandis que l’OCP en est devenu le « bras économique », analyse la presse locale.
Le Maroc a ainsi rappelé une cargaison de 50.000 tonnes d’engrais destinée au Pérou, selon des médias, après que Lima a rétabli ses relations diplomatiques avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD) autoproclamée par les indépendantistes du Front Polisario. Courtisé par le Brésil et le Japon, l’OCP intensifie sa présence internationale, en particulier sur le continent africain où il est implanté dans 16 pays et compte 12 filiales.
Il vient d’inaugurer une usine de mélange d’engrais au Nigeria et a signé en septembre un contrat pour en installer une autre en Ethiopie.
« Le Maroc a lancé depuis quelques années des projets de coopération économique avec plusieurs pays africains, notamment ceux qui lui étaient hostiles sur le dossier du Sahara », rappelle le commentateur politique Naoufal Bouamri.