Les États-Unis doivent lever, ce jeudi 10 mai au soir, le « Titre 42 », une mesure verrouillant l’accès à leur territoire depuis le début de la pandémie, un changement qui provoque confusion et anxiété pour les milliers de migrants massés à la frontière avec le Mexique.
Même le président Joe Biden a reconnu que la situation serait « chaotique ». Pour tenter d’y répondre, l’État fédéral a mobilisé « plus de 24 000 agents et forces de l’ordre » à la frontière, en plus de 4 000 militaires.
La levée de la mesure est prévue à 23 h 59 heure de Washington (3 h 59 GMT vendredi), mais les traversées de migrants qui tentent de rejoindre l’eldorado américain sont déjà en hausse, ont relevé les villes texanes frontalières de Brownsville, Laredo et El Paso.
« Ça va être dur, très dur », a résumé le maire de cette dernière, Oscar Leeser. « On ne sait pas ce qui va se passer le jour suivant, on ne sait pas ce qui va se passer dans les dix prochains jours », a-t-il dit. Sa ville d’El Paso, un point d’arrivée majeur, « se prépare pour l’inconnu », a-t-il ajouté.
De l’autre côté de la frontière, Marta Pérez, venue du Guatemala, attend avec ses deux filles de 2 et 4 ans. En larmes, elle explique que son mari et l’un de ses fils ont été tués, et qu’un autre de ses enfants, adolescent, se trouve seul aux États-Unis. « Désormais, tout ce que je veux, c’est traverser » la frontière, dit-elle à l’AFP à Ciudad Juarez, localité mexicaine qui fait face à El Paso.
Le ministre américain de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a reconnu qu’il était possible que « les jours et semaines à venir » soient « très difficiles », confirmant que les autorités observaient déjà un « nombre élevé d’arrivées dans certains secteurs ».
Confrontés aux changements des dispositifs migratoires, aux rumeurs propagées par les passeurs et à une procédure en ligne complexe, les migrants qui s’entassent dans le nord du Mexique témoignent d’un casse-tête procédural.
Le « Titre 42 », censé limiter la propagation du Covid-19, conférait la possibilité aux autorités américaines de refouler immédiatement tous les migrants entrés dans le pays, y compris les demandeurs d’asile. En trois ans, il a été utilisé à 2,8 millions de reprises.