Un prix spécial du jury à la Mostra de Venise et une vive polémique en Pologne. Le premier ministre et le chef du parti au pouvoir à Varsovie ont violemment critiqué mercredi le film de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland Green Border qui évoque le sort des migrants bloqués dans la zone d’exclusion à la frontière polono-biélorusse.
Le film en noir et blanc, dont la première polonaise est prévue vendredi, dépeint la condition des migrants, originaires d’Asie et du Moyen-Orient (Syrie, Afghanistan, Yémen), cherchant à entrer illégalement en Pologne depuis le Belarus et souvent repoussés par les gardes-frontières polonais, secondés par l’armée. Le groupe de protagonistes essaie à de multiples reprises de franchir la frontière pour être sans cesse ramenés dans la zone d’exclusion. Les ratonnades et les coups aux mains des gardes sont fréquents. D’autres compagnons d’infortune meurent de froid ou se noient dans les marais attenants.
Le chef du parti nationaliste Droit et Justice Jaroslaw Kaczynski a dénoncé un «pamphlet honteux et dégoûtant qui participe à ce qu’on pourrait définir comme l’industrie du mépris de la Pologne», lors d’une réunion de son parti à Wroclaw. Le but de ce film est «d’insulter l’uniforme polonais, d’insulter les Polonais, de présenter la défense honnête de la frontière polonaise, la frontière de l’UE, comme un crime», a-t-il ajouté.
Le premier ministre Mateusz Morawiecki a jugé de son côté que ce film «annonce de facto le démontage du mur à la frontière du Belarus», une imposante clôture en acier érigée par le gouvernement actuel pour freiner l’immigration illégale.
Le ministre de la Justice a même comparé Green Border à la «propagande nazie».