Des manifestants ont pris d’assaut une prison dans le centre du Bangladesh et libéré les détenus vendredi, au 19e jour d’un mouvement de contestation étudiante qui a tourné à l’affrontement avec le pouvoir. Les heurts ont fait au moins 105 morts, selon l’AFP.
Le bilan des manifestations étudiantes au Bangladesh a atteint 105 morts vendredi soir, selon un comptage réalisé par l’AFP à partir de données fournies par les hôpitaux. Au total, 24 morts supplémentaires ont été signalés dans trois hôpitaux de la capitale, Dacca, et six autres à Rangpur, une ville du nord de ce pays, s’ajoutant au précédent bilan de 75 personnes tuées.
Au moins 300 policiers bangladais ont été blessés lors des affrontements de vendredi avec des manifestants dans plusieurs endroits de la capitale Dacca. La police du Bangladesh a tiré à balles réelles sur des manifestants samedi.
Ce bilan témoigne de la violence inédite des troubles qui secouent ce pays musulman de 170 millions d’habitants sur fond de chômage massif des diplômés.

Les autorités ont réagi en interdisant vendredi «tous les rassemblements, les processions et les réunions publiques à Dacca», la capitale, après avoir coupé jeudi l’internet et fait fermer les écoles et universités en début de semaine. La police a également annoncé l’arrestation de l’un des principaux opposants, Ruhul Kabir Rizvi Ahmed, l’un des responsables du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP). «Il est confronté à des centaines d’affaires», a simplement déclaré à l’AFP Faruk Hossain, le porte-parole de la police de Dacca.
Malgré cela, la contestation se poursuit à travers le pays. Dans le district de Narsingdi (centre), des manifestants ont pris d’assaut une prison. «Les détenus ont fui la prison et les manifestants ont mis le feu», a déclaré à l’AFP un officier de police s’exprimant sous couvert de l’anonymat et évaluant à «des centaines» le nombre de détenus libérés. .
Des affrontements ont aussi éclaté lorsque les étudiants sont de nouveau descendus dans la rue avant des contre-manifestations progouvernementales prévues après les prières de midi. Selon des témoins, la police a tiré des grenades lacrymogènes en plusieurs lieux de Dacca.
La veille, des bâtiments officiels ont été «incendiés et vandalisés», selon la police, dont le siège de la télévision publique Bangladesh Television (BTV) où plus de 700 personnes ont été blessées, dont 104 policiers et 30 journalistes, selon la chaîne privée Independent Television.
Un couvre-feu gouvernemental est entré en vigueur à minuit dans la nuit de vendredi à samedi et le bureau de la Première ministre a demandé à l’armée de déployer des troupes, après que la police a de nouveau échoué à maîtriser les troubles.
Les manifestations quasi quotidiennes lancées début juillet visent à obtenir la fin des quotas d’embauche dans la fonction publique qui réservent plus de la moitié des postes à des groupes spécifiques, notamment aux enfants des vétérans de la guerre de libération du pays contre le Pakistan en 1971 et qui favorisent les proches du pouvoir. Elles ont dégénéré en heurts violents depuis lundi.