Alors que les frappes meurtrières d’Israël se poursuivent sur la bande de Gaza où, affirme la Croix Rouge, les opérations humanitaires sont « au bord de l’effondrement », Netanyahou et Tsahal s’érigent en protecteur des Druzes visés par des milices islamistes qui forment l’essentiel du nouveau pouvoir dirigé par Ahmad al-Chareh. Plus de 100 morts depuis le début de la semaine.
Le soutien israélien à cette communauté religieuse peut paraître ironique, contre-intuitive, mais elle répond à plusieurs préoccupations de l’Etat hébreu.
Les Druzes – 150 000, 1,6% de la population- sont réputé « loyaux » à l’Etat et 2500 d’entre eux servent dans l’armée, mais depuis l’adoption de la loi sur les constructions illégales et celle sur l’Etat-Nation qui les relèguent plus ou moins au niveau de citoyens de seconde zone, ils ont été victimes d’expropriations, de destructions de biens et se montrent très vigilants sur le respect leurs droits civiques. De plus en plus contesté, Netanyahou ne veut pas que la communauté se joigne massivement aux contestataires. Depuis le changement de régime à Damas, Tel Aviv a donc multiplié les gestes envers la communauté.
Un but de politique intérieure donc, mais aussi le souci, permanent, de la sécurité d’Israël telle qu’il la voit. Libre de faire ce qu’il veut depuis l’arrivée de son « ami » Donald Trump à la Maison Blanche, le Premier ministre israélien entend affaiblir son voisin et a déjà envoyé Tsahal créer une zone-tampon dans le sud de la Syrie qu’il occupera le temps qu’il faudra.
En bombardant les abords du palais présidentiel à Damas, Israël envoie un « signal » à Al-Chareh et rappelle qu’il exige la démilitarisation du sud du pays. L’occasion aussi de contrebalancer l’influence grandissante de la Turquie.
Les Druzes sont, avant tout, un moyen pour Netanyahou de parvenir à ses fins.
Au Liban, le chef des Druzes, Walid Joumblatt a dénoncé des actes « génocidaires », mais accusé les Israéliens de vouloir « entraîner les druzes dans une guerre interminable contre les musulmans ». Il a reproché au chef religieux des druzes d’Israël, cheikh Mowafaq Tarif, de soutenir les projets israéliens.
A Damas, le pouvoir a réaffirmé son «engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze». Il a aussi exprimé «son rejet catégorique de toute ingérence étrangère» après l’intervention militaire israélienne. Ce n’est pas la première fois et l’on se pose toujours la question : al-Chareh n’arrive pas à contrôler les milices qui composent sa coalition ou dirige-t-il en sous-main ces actions violentes ?