« J’aime les pays d’Europe. J’aime tous ces pays, vraiment, tous différents », affirme Donald Trump qui, avec la brutalité qui est sa marque de fabrique, ajoute que l’UE a été conçue pour “entuber les Etats-Unis et qu’ils y sont parvenus. Ce sont des profiteurs ».
L’homme qui se vante de diriger le monde méprise l’Europe et veut la diviser. Ses féaux, principalement JD Vance, Marco Rubio et aussi Pete Hegseth, ne sont pas en reste et, à la suite d’Elon Musk s’en prennent surtout à l’Allemagne. En décembre, le patron de Tesla avait déclaré que « seule l’AfD peut sauver l’Allemagne. » Il y a deux mois, le vice-président avait choqué en affirmant lors d’un discours à Munich que la liberté d’expression était en recul sur le Vieux Continent, ciblant spécifiquement l’Allemagne. Il avait critiqué l’ostracisme envers l’AfD et appelé à la levée du « cordon sanitaire » autour de ce parti.
Il vient de récidiver en critiquant son classement comme ‘ »extrémiste de droite » par le renseignement intérieur allemand. Pour Vance, il s’agit d’un nouveau « mur de Berlin » : « L’AfD est le parti le plus populaire d’Allemagne, et de loin le plus représentatif de l’Allemagne de l’Est. Aujourd’hui, les bureaucrates tentent de le détruire. L’Ouest a abattu le mur de Berlin ensemble. Il a été reconstruit, non pas par les Soviétiques ou les Russes, mais par l’establishment allemand ». Selon l’Office fédéral de protection de la Constitution, l’idéologie de l’AfD « dévalorise des groupes entiers de la population en Allemagne et porte atteinte à leur dignité humaine », ce qui n’est « pas compatible avec l’ordre démocratique » du pays.
Un peu avant le vice-président, le secrétaire d’état Rubio avait également pris la défense d’Alternative für Deutschland en assurant que « l’Allemagne vient de donner à son agence d’espionnage de nouveaux pouvoirs pour surveiller l’opposition. Ce n’est pas de la démocratie, c’est de la tyrannie déguisée ». Rubio qui demande à Berlin de « faire marche arrière », ajoute une autre dimension au mépris américain : « Ce qui est vraiment extrémiste, ce n’est pas la populaire AfD qui est arrivée en deuxième position lors des dernières élections, mais plutôt les politiques d’immigration à frontières ouvertes de l’establishment, auxquelles l’AfD s’oppose ».
Le ministère allemand des Affaires étrangères a protesté en disant, en anglais, que «c’est ça la démocratie». «Notre histoire nous a appris qu’il faut arrêter l’extrémisme de droite», claire référence au passé nazi de l’Allemagne.
On peut se demander si Trump et les siens maîtrisent le vocabulaire, connaissent l’histoire et le sens des mots. On peut aussi croire qu’ils tapent d’autant plus fort qu’ils craignent que l’Allemagne proche et quasiment aux ordres, se détache de Washington. Dès son élection, Friedrich Merz qui devrait devenir chancelier dans trois jours a indiqué qu’il n’était plus question que son pays s’aligne sur les décisions de Washington et qu’il voulait « émanciper l’Europe de l’Amérique ». Empruntant le vocabulaire de Trump, il lançait « l’Allemagne est de retour ». Dans une Europe plus forte ?