Mercredi 28 mai, Donald Trump a subi un nouveau camouflet judiciaire, alors qu’un tribunal américain a bloqué les droits de douane dits « réciproques » imposés depuis début avril sur l’ensemble des produits entrant aux États-Unis.
Si les trois juges du tribunal de commerce international des États-Unis (ITC) ne contestent pas dans leur décision la possibilité pour les États-Unis d’augmenter les surtaxes que le pays impose sur ses importations, ils ont estimé que ces dernières relevaient d‘une prérogative du Congrès et que le président américain avait ainsi outrepassé les pouvoirs dont il dispose.
Considérant que ce dernier ne peut pas invoquer la loi d’urgence économique de 1977, utilisée pour justifier l’usage de décrets présidentiels afin d’instituer ces droits de douane, pour « imposer une surtaxe illimitée sur les produits provenant de quasiment tous les pays », selon le jugement.
Pour les juges, les décrets pris le 2 avril dernier pour imposer un minimum de 10% sur l’ensemble des produits entrants aux États-Unis, et jusque 50% selon les pays d’origine, « outrepassent les pouvoirs accordés au président dans le cadre de la loi IEEPA (permettant d’agir en cas d’urgence économique, Ndlr) pour réguler les importations via l’usage de droits de douane ».
Cette loi « permet au président de prendre les sanctions économiques nécessaires en cas d’urgence pour combattre une menace ‘extraordinaire et inhabituelle' », a rappelé le tribunal. Mais toute interprétation qui lui délègue « une autorité illimitée sur les droits de douane est anticonstitutionnelle », ont insisté les juges.
Dans une opinion écrite accompagnant la décision, l’un des juges, qui n’est pas nommé, a estimé en effet qu’une « délégation sans limite de l’autorité en matière de droits de douane constituerait un renoncement du pouvoir législatif au bénéfice d’une autre branche du gouvernement », ce qui est contraire à la Constitution américaine.
Dans un communiqué, un porte-parole de la Maison Blanche a dénoncé une décision de « juges non élus » qui n’ont « pas le pouvoir de décider comment gérer convenablement une urgence nationale ». « Le président Trump a juré de placer les États-Unis en premier et le gouvernement est décidé à utiliser tous les leviers du pouvoir exécutif pour répondre à cette crise et restaurer la grandeur américaine », a ajouté ce porte-parole, Kush Desai.
Principale arme commerciale
Le tribunal se prononçait à la suite de deux plaintes déposées ces dernières semaines, l’une par une alliance de douze États américains, notamment l’Arizona, l’Oregon, New York et le Minnesota, l’autre par un groupe d’entreprises américaines.
Ils reprochaient précisément à Donald Trump d’utiliser une loi qui ne lui permettait pas d’utiliser des mesures d’urgence pour imposer des droits de douane, un pouvoir que la Constitution américaine attribue au Congrès, un argument repris donc par le tribunal.
Depuis son retour à la Maison Blanche, le milliardaire républicain a utilisé les droits de douane comme principale arme de politique commerciale mais également d’incitation à la réindustrialisation du pays et de moyen de pression sur d’autres pays.