Avant d’arriver à Istanbul pour de nouveaux pourparlers, Russes et Ukrainiens ont affiché leur force et leur détermination. Depuis plusieurs jours, Moscou multiplie les attaques massives de drones -472, un record la nuit dernière- et avance dans la région de Soumy en Ukraine face à laquelle quelques 50 000 hommes seraient bas, côté russe, prêts à lancer l’assaut.
Les Ukrainiens, eux, ont réussi un coup qui, pensent-ils, s’inscrira dans les livres d’histoire militaire : au bout de 18 mois de préparation, l’opération « toile d’araignée » a détruit ou endommagé une quarantaine bombardiers sur plusieurs bases dont une éloignée de 4 300 kilomètres. Plus de six milliards de dommages, un tiers des porte-missiles russes hors de combat, une humiliation, un petit Pearl Harbor.
Ces victoires ou défaites, selon le camp, ne changent pas les données actuelles du conflit. La Russie, qui a refusé de présenter son mémorandum, exige toujours la résolution des « causes profondes » de la guerre, la non adhésion de l’Ukraine à l’Otan et la cession, en plus de la Crimée, des quatre oblasts partiellement occupés. L’Ukraine réclame un cessez-le-feu inconditionnel, le maintien de son intégrité territoriale, le retour des enfants kidnappés et des garanties solides pour son avenir.
On ne s’attend donc pas à de réels progrès. Même si la délégation ukrainienne a discuté avec les Européens pour coordonner leurs positions, l’acteur principal demeure les Etats-Unis. Pour ne pas froisser Trump qui ne l’aime guère, Volodymyr Zelensky a affirmé, en Lituanie, que sa délégation a « la volonté de prendre des mesures importantes en vue de la paix ». Et Poutine, en envoyant la sienne, chercherait surtout à ne pas provoquer une nouvelle colère de celui qui l’a traité de « fou ».
Gagner du temps, faire semblant, continuer la guerre tout en donnant quelques gages… L’essentiel serait le futur deal américano-russe auquel Trump tiendrait.