Alors que les manifestations contre sa politique migratoire s’étendent, Donald Trump n’entend pas céder et en rajouterait même. Toujours aussi complotiste, il affirme que les manifestants sont des « insurgés rémunérés », affirmant que certains disposent d’équipement antiémeute professionnel. Il dit qu’il « ne laissera jamais la loi de la rue régner en Amérique », et qu’il « préserve l’État de droit ».
Le Washington Post et Politico lui prête l’intention d’envoyer rapidement des centaines, voire des milliers d’immigrés, des « criminels en situation irrégulière » à Guantanamo. Le 29 janvier, il avait annoncé un décret, finalement un mémorandum, « demandant aux ministères de la Défense et de la Sécurité intérieure de préparer un centre pour 30 000 migrants à Guantanamo Bay ». Ce lieu de rétention est situé à quelques dizaines de mètres de la prison de Guantanamo ouverte dans les mois qui ont suivi les attentats du 11-Septembre.
Une idée pas vraiment nouvelle car dans les années 90, des dizaines de milliers de migrants, surtout des Haïtiens, y ont été enfermés. En septembre 2021, Joe Biden avait cherché un entrepreneur privé capable de gérer ce Guantanamo Migrant Operations Center (MOC). Son successeur a fait installer puis démonter des tentes. Pourquoi ? Problèmes avec la justice et coût très élevé du transfert des migrants sur cette enclave cubaine louée pour une somme dérisoire -et pas encaissée par La Havane- depuis 1903. Il y a quelques mois, une analyse du Wall Street Journal avait révélé que le déplacement d’un seul étranger vers la baie de Guantanamo – à bord d’avions de l’armée de l’air – coûterait plus de 20 000 dollars. En mai, le sénateur démocrate Gary Peters avait affirmé que chaque détenu retenu à Guantanamo coûterait à l’Etat américain 100 000 dollars par jour.
Trump osera-t-il aller jusqu’au bout de son fantasme ? Sa porte-parole déclare que les informations de la presse ne sont que « fake news ». Ceux qui ne croient guère à ce démenti estiment qu’une reculade pourrait être provoquée par une réaction… européenne. Car le président américain enverrait sous les cieux cubains, sans avertir leur pays d’origine, quelque 800 « criminels illégaux », des Français, Britanniques, Allemands, Italiens, Belges, Irlandais, Hollandais, Lituaniens, Polonais, Turcs, Ukrainiens et Roumains. Bien sûr, les pays devraient payer pour les récupérer…
Donald Trump a une autre magnifique idée : rouvrir Alcatraz, cette île-prison fermée en 1963 devenue une attraction touristique. Le 4 mai dernier sur Truth Social, il expliquait que «depuis trop longtemps, l’Amérique est en proie à des criminels vicieux, violents et récidivistes, la lie de la société, qui n’apporteront jamais rien d’autre que la misère et la souffrance. Lorsque nous étions une nation plus sérieuse, dans le passé, nous n’hésitions pas à enfermer les criminels les plus dangereux et à les éloigner de toute personne à laquelle ils étaient susceptibles de nuire.»
Comme pour Guantanamo, l’argent pourrait faire capoter ce beau projet. Lors de sa fermeture, son coût de fonctionnement était presque trois fois plus élevé que celui de tout autre établissement fédéral, notamment parce que la nourriture et le matériel devaient être acheminés par bateau.
Samedi, Donald Trump organise un grand défilé militaire pour célébrer le 250 -ème anniversaire de l’armée américaine et surtout ses 79 ans. A cette fête trumpienne, répondront plus de 1 800 manifestations dans les 50 États américains. Avec un mot d’ordre clair : rejeter la dérive autoritaire du locataire de la Maison Blanche. Un 14 juin crucial.