Vainqueur autoproclamé de l’Iran, menace existentielle pour son pays, Benjamin Netanyahou cherche à tirer profit du regain de popularité que lui vaut ce succès réel même s’il est limité. Constatant que son parti, le Likoud, arriverait en tête, il a d’abord songé à anticiper les élections législatives prévues en novembre 2026, mais voyant que sa coalition restait largement minoritaire, il y a renoncé. Au moins pour l’instant.
Poursuivant sur sa lancée guerrière, il a demandé hier à ses juges le report de ses auditions dans son procès pour corruption en raison des «développements régionaux et mondiaux». On croyait pourtant que « la guerre des douze jours » était terminée, mais ses avocats plaidaient que le Premier ministre « était obligé de consacrer tout son temps et son énergie à la gestion des problèmes nationaux, diplomatiques et de sécurité de la plus grande importance ».
Autre atout présumé : Bibi bénéficie de soutien de Trump, ce président, certes condamné mais qui échappait à la justice. Présentant les procès comme une « chasse aux sorcières », formule qu’il utilisait pour lui, Trump écrivait sur Truth Social : ce procès « devrait être ANNULÉ, IMMÉDIATEMENT », préconisant sinon qu’une grâce soit « accordée à un Grand Héros », après la fin de la guerre avec l’Iran. « Les Etats-Unis ont sauvé Israël (de l’Iran) et maintenant les Etats-Unis vont sauver Bibi Netanyahou » ajoutait-il.
Netanyahou remerciait, ses soutiens applaudissaient alors que l’opposition s’offusquait d’une ingérence dans les affaires intérieures d’Israël. Un membre de la coalition, Simcha Rothman, président de la commission des affaires judiciaires de la Knesset, estimait que «la gestion des affaires de Netanyahu est en train de transformer l’image de l’Etat d’Israël d’une puissance régionale et mondiale en une république bananière».
Le système judiciaire israélien, réputé pour son indépendance, n’a pas cédé. Ce vendredi, en fin de matinée, les juges du tribunal de district de Jérusalem ont estimé que la requête de Netanyahou «ne présente pas, dans sa forme actuelle, de fondement ou de justification détaillée susceptible de justifier l’annulation des auditions».
Rappelons que depuis mai 2020, le Premier ministre, qui nie tout acte répréhensible, fait face à la justice.
Dans une première affaire, Bibi et son épouse, Sara, sont accusés d’avoir accepté des produits de luxe d’une valeur de plus de 260 000 dollars, tels que cigares, bijoux et champagne, de la part de milliardaires, en échange de faveurs politiques.
Dans deux autres affaires, Netanyahou est accusé d’avoir tenté de négocier une couverture plus favorable dans deux médias israéliens.