Mis sur la touche de la politique nationale depuis la dissolution de l’Assemblée et les élections qui ont privé son gouvernement de majorité, le président français s’investit dans l’international et poursuit son ambition de toujours : s’affirmer comme un leader européen capable de relancer l’UE sur la scène mondiale. D’où son appel téléphonique mardi avec Vladimir Poutine, trois ans après leur dernier entretien.
Si Emmanuel Macron avait déclaré que la parole du président russe n’a aucune valeur, il avait indiqué lors du dernier sommet de l’Otan qu’il pourrait lui reparler « au bon moment ». Les frappes américaines et israéliennes sur l’Iran liées à l’avenir du nucléaire iranien lui ont fourni une bonne opportunité. Un échange de points de vues entre deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, le rappel du rôle européen dans la signature du traité de 2015 et la volonté affichée de participer à de futures négociations. Les deux hommes ont décidé de coordonner leurs démarches et de se parler prochainement afin de faire le suivi ensemble du dossier iranien et ont convenu de résoudre les crises du Moyen-Orient par la diplomatie.
Forcément, ils ont évoqué l’Ukraine et constaté qu’ils restaient sur leurs positions. A ce propos, on peut se redemander s’il n’y a pas un deal entre Trump et Poutine. Le premier a eu les mains libres contre l’Iran, le second bombarde plus que jamais l’Ukraine à laquelle Washington ne livre plus de moyens anti-aériens malgré une conversation « constructive » sur ce sujet entre Trump et Zelensky la semaine dernière à La Haye.
L’entretien est aussi à replacer dans le contexte de la rivalité franco-allemande. Friedrich Merz, chancelier d’une Allemagne qui, contrairement à la France, possède les moyens financiers de ses nouvelles ambitions, vise lui aussi le leadership européen. En renouant avec le maître du Kremlin, Macron espère prendre l’avantage sur Merz qui refuse de lui parler. Mais sa marge de manœuvre est étroite et il joue sa crédibilité déjà malmenée par Trump qui estime qu’ « Emmanuel necomprend rien » et « se trompe toujours ».
Ce matin, lors du Conseil des ministres, le président français s’est dit « optimiste » sur la coopération de son homologue russe sur le dossier iranien, « un peu moins » sur l’Ukraine.