L’Ukraine qui souffre sous la pluie de missiles et drones russes va enfin recevoir les armes et les moyens antiaériens espérés depuis des mois et refusés par Donald Trump. Satisfait, Volodymyr Zelensky se dit « « reconnaissant envers son homologue américain » et le Kremlin assure Moscou rester prêt à négocier avec Kiev… mais avec un besoin de temps pour « analyser ce qui a été dit à Washington » et répondre aux déclarations américaines « très sérieuses ». Vladimir Poutine réagira en temps utile à ce que Moscou ne considère pas comme un signal de paix « mais comme un signal pour poursuivre la guerre».
Si la Russie semble bien se rendre compte que la situation a évolué et que le président américain s’énerve, faut-il croire au revirement, à la volte-face que certains commentateurs veulent voir. Difficile de répondre oui. Il suffit de relire les déclarations passées du président américain pour s’apercevoir que celle « importante » de lundi n’est pas vraiment nouvelle. Depuis le mois d’avril, il se déclare « mécontent » de Poutine qui, après une « excellente conversation » bombarde et tue ; il menace de sanctions « dévastatrices » qu’il reporte. Il y a un an, avant son élection, il aurait même menacé de bombarder Moscou…
En annonçant sa déclaration « importante », il laissait deux semaines pour voir ce qui se passerait et les mesures prévues allaient jusqu’à des droits de douane de 500%. Cette fois, il accorde 50 jours à Moscou, les sanctions ne sont plus que de 100% et le dialogue va continuer .
D’autre part, la manière dont les armes et équipements seront envoyés en Ukraine n’est pas claire. Par l’intermédiaire de l’Otan et les Américains ne paieront pas. Toutefois, l’Otan, c’est aussi les Etats-Unis qui contribuent au budget à hauteur de 15,88%, comme l’Allemagne devant la France, la Grande Bretagne et l’Italie. Et l’Otan ne livre pas d’armes à des tiers. Par qui et comment la facture sera-t-elle réglée ?Donald Trump, et il faut aussi le reconnaître et le saluer, ne veut pas de conflit avec la Russie et, se voulant pragmatique, lui donne donc encore du temps. D’accord, mais ce temps peut servir à Poutine pour « balader » encore son « ami » et accroître son offensive d’été.
Pas de changement total de la position américaine , sauf sur un point : Trump qui méprisait l’Europe reconnaît qu’elle lui a tenu tête en continuant à soutenir l’Ukraine. Ce qui le conduit à dire que l’Otan « n’est pas obsolète », qu’elle est « le contraire d’obsolète ».