Le président de la République recevait hier, Massad Boulos, le conseiller spécial du président américain pour l’Afrique, au palais présidentiel de Carthage. Des images qui ont fait le tour de la presse internationale.
En effet, Kais Saied a bel et bien mis en scène, dans une séquence vidéo, postée sur la page de la Présidence, une partie de son entretien avec l’émissaire américain. On y voit le président montrer à l’émissaire américain des images d’enfants Palestiniens affamés et martyrisés, dénonçant des scènes inacceptables pour le genre humain et tout aussi contraires au droit international.
Si pour certains, cette séquence apparaît comme une énième démonstration de populisme de la part de Saied, on ne saurait nier qu’elle donné bel bien une preuve de courage de la part du Président.
Tout à perdre
Les Etats-Unis, ont démontré tout au long de leur histoire, que pour leurs intérêts, s’immiscer dans les affaires internes d’un autre Etat, n’était qu’une simple commodité, on pourrait citer à titre d’exemple le Chili, l’Irak ou encore la Tunisie en 2011… Or Kais Saied semble déjà être dans la ligne de mire des Etats-Unis, puisqu’en été février dernier, il a vivement critiqué et été même menacé par l’élu républicain Joe Wilson, représentant de la Caroline du Sud au Congrès des Etats-Unis et fervent soutien de Donald Trump, qui qualifiait le chef de l’État de « dictateur » et réclamait la suspension de l’aide américaine jusqu’au « rétablissement de la démocratie ». L’élu américain, interrogé alors par l’AFP, avait assuré toujours avoir été critique vis à vis de Saied, mais que le retour de Trump a la maison blanche lui permettrait d’ « agir ».
S’ajoute à ces menaces, les récents droits douane mirobolants de 25% imposés par l’administration Trump à la Tunisie, et qui auraient pu trouver hier, lors de la rencontre, l’occasion dans un premier temps être évoqués avant de plus amples négociations.
Du Trump à l’envers
Mais le président, malgré ces périls concrets, ne s’est pas défaussé et a non seulement évoqué Gaza, mais a condamné très fermement les agissements israéliens, et l’inaction internationale, rappelant le droit a l’auto-determination du peuple Palestinien. Et, ce de la manière la plus « trumpiste » qui soit: Face la caméra, photo à l’appui, l’émissaire américain s’est retrouvé pris à parti, sans possibilité de défense. Une mise en scène qui rappelle celles du président américain, comme lors de sa rencontre avec le chef de l’Etat sud africain, Cyril Ramaphosa. Sauf que Kais Saied ne mentait pas. Les enfants gazaouis meurent de faim.