En une heure, Donald Trump, sur son golf écossais, a plié l’affaire et conclu « le plus grand deal jamais passé ». Son ami hongrois Viktor Orban constate qu’il « a mangé Ursula von der Leyen au petit déjeuner ». Pas d’accord, la présidente de la Commission de Bruxelles voit « un bon accord » qui apportera de la « stabilité, le mieux qu’on pouvait obtenir ».
Depuis que le joueur de golf avait menacé de droits de douane à 30%, l’UE qui plaidait pour un accord à 0%, avait échafaudé des plans de riposte et brandi son règlement européen anticoercition économique, élaboré à l’origine contre la Chine, qui prévoit des moyens de rétorsion dont les restrictions d’accès aux marchés publics européens ou des limitations sur certains services financiers.
Fidèle à ses habitudes, à son ADN, l’UE a préféré refuser la guerre commerciale et choisi le moins pire. Certes, l’accord est déséquilibré, mais, comme le dit le premier ministre belge, Bart De Wever, ce deal apporte “un moment de soulagement, mais pas de célébration”. Le plus critique est sans doute le Premier ministre français François Bayrou qui regrette « une soumission, un jour sombre ». Il est pratiquement d’accord avec le Rassemblement national et plus dur que ses ministres qui seraient plutôt de l’avis du Belge.
En Allemagne, le chancelier Merz salue un accord qui permet d’« éviter une escalade inutile dans les relations commerciales » avec Washington et de sauver son industrie automobile. L’Italienne Meloni « considère comme positif qu’il y ait un accord » car « une escalade commerciale entre l’Europe et les Etats-Unis aurait eu des conséquences imprévisibles et potentiellement dévastatrices ». En Espagne, le Premier ministre Pedro Sanchez, « soutient » l’accord, mais « sans aucun enthousiasme ».
Ce deal qui ne satisfait personne, ces réactions traduisent l’état de l’Union européenne : un ensemble potentiellement puissant mais désuni. Chacun des 27 défend ses intérêts propres. Et ce, dans tous les domaines. Pas de position commune, un faible géant que Trump peut croquer.
Reste à voir comment cet accord sera appliqué, notamment pour les importants achats de GNL, d’armes ou les investissements sur le sol américain. La Commission n’a pas le pouvoir d’effectuer des achats ni d’investir. La victoire de Trump est encore en partie floue. Comme l’affirme Giorgia Meloni, on ne connaît pas les détails et « Il est évident que (…) nous devrons travailler davantage sur l’accord, car ce qui a été signé hier est un accord juridiquement non contraignant et général ».