Encore des morts de faim à Gaza et des tués en tentant de récupérer de l’aide humanitaire. Et une guerre de l’image qui se développe, une guerre informationnelle qui se poursuit. Après les photos d’enfants gazaouis squelettiques qui ont fait le tour du monde et suscité l’indignation même à la Maison Blanche, ce sont celles de deux otages israéliens émaciés qui émeuvent tant elles sont, elles aussi, effroyables et insupportables. L’horreur contre l’horreur !
Le Hamas, avec ces vidéos cruelles, cherche à décrire la situation dramatique de l’enclave et à rendre l’Etat hébreu responsable de l’état de ses 27 otages qui seraient encore vivants : «Ils mangent ce que nous mangeons. Ils boivent ce que nous buvons ».

Chaque camp veut exploiter ces images à son avantage. Israël, qui a perdu la guerre des mots, espère rétablir un narratif à son avantage : c’est le Hamas qui entrave la distribution d’aide et pille -ce qui n’est pas prouvé- et fait remarquer que les membres du Hamas apparaissant dans les vidéos ne montrent aucun signe visible de sous-alimentation.
En donnant à voir au monde ces images, le mouvement islamiste lance, lui, une sorte d’avertissement à Israël et aux Etats-Unis : si vous n’arrêtez pas votre guerre, tous les otages mourront et ce sera de votre faute. Condamné par la Ligue arabe qui, avec la déclaration de New York initiée par la France et l’Arabie Saoudite, demande sa mise à l’écart, le Hamas joue sa survie. Il entend jouer encore un rôle politique dans l’avenir des Palestiniens.
Que va faire Netanyahou ? « Il n’est pas pressé » note le quotidien d’opposition Haaretz. Il joue aussi sa survie au pouvoir. « Consterné » par les vidéos, il n’entend pas céder et, encouragé par ses extrémistes, veut poursuivre l’offensive et, comme dit Trump « finir le travail ».
Exigeant la libération de tous les otages en une seule fois, le président de l’Etat hébreu, Isaac Herzog, a demandé une réunion spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU.
Pour les Gazaouis qui souffrent sous la férule des Israéliens et des islamistes, le retour à la normalité n’est pas pour demain.