Encore et toujours cette question : « que faire pour que Benjamin Netanyahou revienne – ou plutôt vienne – à la raison ? Le Premier ministre israélien ne prend pas en compte l’accord soumis par les médiateurs et accepté par le Hamas sur un cessez-le-feu et une libération des otages en deux fois, semblable à ce que proposait naguère l’émissaire américain, et ordonne des «négociations immédiates» en vue de «la libération de tous (les) otages et de mettre fin à la guerre dans des conditions acceptables pour Israël». En même temps, il lance l’offensive contre Gaza-ville et son ministre de la Défense menace si le mouvement islamiste ne cède pas : «Bientôt, les portes de l’enfer s’ouvriront sur les meurtriers et les violeurs du Hamas à Gaza». Peu importe les réserves du chef d’état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, qui parle de « piège mortel » et redoute un très lourd bilan humain.
Sourd aux condamnations du monde occidental -sauf les Etats-Unis qui approuvent implicitement- Bibi veut ignorer celles qui montent de plus en plus dans son pays ou adressés par des Juifs vivant hors d’Israël. Samedi, le « Mirror », journal britannique, a publié une lettre signée par 12 survivants de la Shoah, demandant à Israël et aux personnes au pouvoir « de nourrir les plus vulnérables et d’empêcher la famine des Palestiniens de Gaza ». S’ils condamnent «le Hamas pour ses visées génocidaires, ses prises d’otages et son mépris pour la vie des Palestiniens et des Juifs », ils affirment que « notre colère ne doit pas nous conduire à déshumaniser ceux que nous craignons, car nous savons où cela peut mener ».
Comme chaque samedi soir, des dizaines de milliers d’Israéliens ont manifesté pour exiger du gouvernement la fin de la guerre et un accord permettant leur libération. Certains n’hésitent plus à dénoncer un « génocide ». Et, une première, les familles des otages israéliens et des citoyens mobilisés ont protesté devant les domiciles de plusieurs ministres du cabinet de Netanyahou. Cette mobilisation marque le début d’une nouvelle semaine de lutte, en amont de la journée nationale de contestation « Israël se mobilise » prévue ce mardi.
Ce même samedi soir, Benny Gantz, ancien chef d’état-major et président du parti Bleu Blanc, a appelé le Premier ministre, le leader de l’opposition Yair Lapid et Avigdor Lieberman à former un « gouvernement de libération des otages » pour une durée de six mois. Un tel gouvernement, qui serait majoritaire à la Knesset, permettrait de mettre sur la touche les extrémistes de Ben Gvir et Smotrich. La proposition de Gantz a été accueillie avec indifférence et moquerie car, selon les derniers sondages, son parti ne franchirait plus le seuil électoral pour avoir des députés.
Pour Netanyahou et ses affidés, tout ce qui ne va pas dans leur sens n’est que « mensonge », « images déformées de la réalité ». Et leur discours est relayé par l’ambassadeur américain Mick Huckabee qui ose écrire sur X : «Vous savez qui meurt de faim? Les otages enlevés et torturés par les barbares du Hamas». «Peut-être que les terroristes suralimentés pourraient partager avec les personnes affamées, en particulier les otages, une partie de leurs entrepôts pleins de ce qu’ils ont volé». Aucune compassion. A ce propos, Melania Trump qui aime tant les enfants et a écrit à Poutine pour lui faire part de « son inquiétude pour les enfants ukrainiens », ne pourrait-elle pas envoyer une lettre à Netanyahou pour qu’il traite de manière humaine les enfants gazaouis. La Première Dame de Turquie, Emine Erdogan, le lui demande.