Le Premier ministre français François Bayrou, qui a remis sa démission au président Macron, a toujours le sentiment d’avoir raison, que le combat contre la dette est vital et que l’avenir lui rendra justice en donnant tort aux « démagogues de tout poil » qui n’ont pas « le pouvoir d’effacer le réel » et proposent des solutions illusoires.
Les pronostics sont allés bon train sur le choix de son successeur, avant la nomination, ce soir, de Sébasien Lecornu comme Premier ministre. Le quotidien Le Figaro rapporte que des centaines de milliers de paris, de transactions ont été pris sur Polymarket, une plateforme américaine lancée en 2020 et interdite dans de nombreux pays, dont la France. Un parieur détenait notamment 5147 actions «Oui» d’une valeur unitaire de 43 cents, soit 2213 dollars misés sur une nomination du ministre des Armées à Matignon. Il aura de quoi célébrer.
Sébastien Lecornu devançait le ministre de l’Économie Éric Lombard (9%), la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin (8%) et les anciens locataires de Matignon Jean Castex (7%) et Bernard Cazeneuve (5%). Gérald Darmanin stagne à 4%. Parallèlement, la probabilité d’une dissolution était évaluée à 5%.
Le nom de Lecornu, fidèle parmi les fidèles de Macron, a été cité à chaque changement de locataire de Matignon et il est exact qu’il entretient des rapports corrects avec les RN, les Républicains et les socialistes. Des qualités qui lui valent sa nomination. Saura-t-il former une coalition durable, pratique en vigueur dans plusieurs pays européens ? Pas sûr du tout car le compromis n’est pas dans la tradition française, chaque parti pensant être le seul à agir « dans l’intérêt des Français »…
En ce mardi, la France se demandait surtout à quoi allait ressembler demain, jour de « bloquons tout » destiné à montrer haut et fort le mécontentement, le ras le bol populaire face au mépris d’une classe politique qui ne penserait qu’à elle et laisserait le peuple dans la panade.
Lundi soir, plus de 100 actions étaient recensées en Ile-de-France et plus de 600 en régions. De nombreuses universités sont mobilisées et des lycéens veulent participer car, comme le dit Sofia Tizaoui, présidente de l’Union syndicale lycéenne, premier syndicat lycéen, « on est quand même les futurs citoyens de la France ».
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, s’attend à des « actions plutôt dures » et indique que les forces de l’ordre « ne toléreront aucune dégradation, aucun blocage » et ”interviendront systématiquement” . Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, a mobilisé 80 000 policiers et gendarmes. « Le dispositif est absolument massif », a dit le ministre, citant « une petite trentaine d’hélicoptères », des drones, des engins lanceurs d’eau, des centaures (véhicules blindés de la gendarmerie nationale).