Toujours à la recherche d’un programme, d’un projet de budget et de ministres, Sébastien Lecornu vient de battre un record, celui de durée entre la nomination à Matignon et la constitution d’un gouvernement qu’avait établi Michel Barnier l’an dernier. 18 jours aujourd’hui.
A 39 ans, c’est déjà un « ancien », mais discret homme politique. A 22 ans, il est le plus jeune conseiller ministériel du gouvernement Fillon et, depuis 2017, il fait partie de tous les gouvernements de Macron tout en restant inconnu du grand public. Un autre record, peut-être partagé par cet autre méconnu qu’était Jean Castex, un de ses prédécesseurs à Matignon.
Il risque également de devenir le Premier ministre le plus éphémère de la Vème République, loin devant Barnier, Cazeneuve Attal, Cresson, Couve de Murville et Bérégovoy qui ont tenu moins d’un an. Il est vrai qu’il arrive à Matignon dans une période plus difficile que jamais. Toujours trois blocs à l’Assemblée dont deux, la gauche-extrême gauche et le Rassemblement national affirment qu’ils ont gagné les élections de l’an dernier et qu’ils devraient être à Matignon. Et, c’est le troisième, le socle commun ou bloc central qui conserve un pouvoir de plus en plus fragile.
Celui qui reste aussi ministre démissionnaire des Armées, a promis de changer de méthode, de « remettre du bon sens » et de « bâtir des accords » avant de constituer son gouvernement. Il a certes discuté avec les partenaires sociaux et les partis, mais rien de concret n’a encore suivi. Insistant sur la colère sociale exprimée dans la rue, ses interlocuteurs exigent la prise en compte de leurs revendications. Des revendications souvent opposées qui ne seraient pas adoptées par l’Assemblée nationale.
De son côté, le Premier ministre, qui doit présenter son projet de budget avant la mi-octobre, a rejeté la taxe Zucman, le retour de l’ISF et la suspension de la réforme des retraites. Il a également déclaré, sans donner de précisions, qu’il entend le besoin de justice fiscale des Français, qu’il augmentera certains impôts et qu’il en diminuera d’autres…
Ne pouvant satisfaire les oppositions ni imposer ses propres choix, Sébastien Lecornu a décidé de repartir d’une « feuille blanche » qui sera remplie par les députés eux-mêmes appelés à trouver des compromis. A la fin, dit-il, « ce ne sera pas un budget Lecornu », mais le fruit d’un travail parlementaire. Du nouveau. La rupture annoncée ?
Les rencontres et discussions vont se poursuivre. Les insoumis, les socialistes et les écologistes veulent toujours censurer, le Rassemblement national attend un discours de politique générale pour se prononcer, mais estime que Lecornu « va droit dans le mur ».
Jeudi, ce sera la troisième journée de mobilisation avant le meeting du patronat le 13, sans doute suivi d’un contre-meeting souhaité par les écologistes.
Pour l’instant, le gouvernement, pas formé, est donné perdant…