Le président de la Chambre nationale des bouchers, Ahmed El Amiri, aux médias que les quantités de viande réfrigérée importée, notamment d’agneau, demeurent insuffisantes pour réguler le marché tunisien.
Malgré l’importation hebdomadaire d’un conteneur contenant environ 1 200 têtes de moutons, soit près de 20 tonnes de viande, cette quantité reste très en deçà des besoins de consommation à l’échelle nationale. El Amiri a souligné que la diminution du cheptel local, estimée à plus de 60 % au cours des trois dernières années, aggrave la situation et empêche la baisse des prix.
Selon lui, les coûts de production sont devenus « insupportables » pour les éleveurs : « Un veau destiné à l’engraissement coûte aujourd’hui plus de 11 millions de dinars à l’importation. À ce prix-là, le producteur ne peut plus suivre, et le consommateur non plus ».
Il a également pointé du doigt le rôle du syndicat des agriculteurs, l’accusant de ne pas avoir encadré efficacement les éleveurs ni assuré une coordination pour garantir l’approvisionnement du marché en viande locale.
Face à cette situation, Ahmed Laâmiri plaide pour l’ouverture du marché tunisien à la viande brésilienne, qu’il juge de qualité et surtout plus abordable : « Le Brésil est l’un des plus grands producteurs mondiaux de viande rouge. Ses prix sont adaptés au pouvoir d’achat du Tunisien. On pourrait proposer une viande de bonne qualité à 32 dinars le kilo, au lieu de 40 ou plus actuellement ».
Il souligne que plusieurs pays arabes – comme l’Arabie saoudite, les Émirats ou l’Irak – importent déjà régulièrement du bœuf brésilien, et que la Tunisie gagnerait à suivre cet exemple.
Mais au-delà de l’urgence conjoncturelle, le responsable estime que la priorité doit être donnée à la relance du cheptel national.
« Nous devons réinvestir dans notre propre élevage. Nous avons perdu une grande partie de notre cheptel à cause du manque d’aliments, de maladies et de la contrebande. Il faut un plan national pour reconstituer la filière », a-t-il expliqué.
Il a reproché aux autorités et aux structures professionnelles l’absence de coordination réelle entre les acteurs : « Depuis 2018, nous n’avons pas tenu une seule réunion de concertation avec le ministère de l’Agriculture. Nous avons envoyé des propositions, des rapports, mais rien ne bouge ».
Enfin, il a déploré l’absence de dialogue entre la Chambre des bouchers, l’Union des agriculteurs et les autorités concernées, appelant à des réunions urgentes afin de préparer l’approvisionnement du marché, notamment à l’approche du mois de Ramadan.
