Le Parlement israélien doit voter ce lundi en première lecture un projet de loi hautement controversé visant à instaurer la peine de mort pour certains prisonniers palestiniens.
Le texte, porté par le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et soutenu par plusieurs députés de la coalition gouvernementale, est présenté comme une mesure de “dissuasion” face aux attaques contre des civils israéliens.
Le projet prévoit que tout “Palestinien reconnu coupable d’un meurtre motivé par la haine d’Israël soit condamné à mort, sans possibilité de réduction de peine ni de grâce”. Il constituerait un tournant majeur : si la peine capitale est déjà prévue par la loi israélienne dans des cas exceptionnels — notamment pour crimes de guerre ou actes de génocide — elle n’a été appliquée qu’une seule fois, en 1962, contre le criminel nazi Adolf Eichmann.
L’initiative de Ben-Gvir a été approuvée début novembre par la commission de la sécurité nationale de la Knesset, ouvrant la voie à sa présentation en séance plénière. Le ministre a affirmé que “ceux qui assassinent des Israéliens doivent payer le prix ultime”, accusant le système judiciaire d’être “trop indulgent” envers les Palestiniens condamnés pour attaques.
Une coalition divisée
Mais au sein même de la coalition de Benjamin Netanyahu, le texte fait débat. Plusieurs députés ultraorthodoxes ont exprimé leurs réserves morales et juridiques, craignant une remise en cause des valeurs fondamentales de l’État.
Le Premier ministre, d’abord prudent, a fini par soutenir la proposition “en principe”, tout en appelant à “un encadrement juridique strict”.
L’opposition, pour sa part, dénonce un texte “inacceptable” et “électoraliste”. La députée travailliste Naama Lazimi a estimé qu’il s’agissait d’une “loi de vengeance, pas de justice”.
Indignation palestinienne et critiques internationales
À Ramallah, le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné “une loi raciste qui légalise les exécutions de Palestiniens”. Les organisations de défense des droits humains, dont Al Mezan et Amnesty International, ont également réagi avec inquiétude, estimant que cette mesure violerait le droit international humanitaire et pourrait conduire à des discriminations systémiques devant la justice israélienne.
“C’est une étape supplémentaire dans la criminalisation de la résistance palestinienne et dans la déshumanisation des prisonniers”, a réagi l’ONG palestinienne Addameer dans un communiqué.
Du côté de la communauté internationale, l’Union européenne a rappelé son opposition de principe à la peine de mort, tandis que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a exhorté Israël à “respecter ses obligations internationales”.
Le vote prévu aujourd’hui en première lecture ne garantit pas l’adoption définitive du texte. Le projet devra encore passer deux autres lectures avant d’être promulgué.
Mais ce débat s’inscrit dans un contexte particulièrement tendu, marqué par la guerre dans la bande de Gaza, la montée des violences en Cisjordanie et un climat politique polarisé en Israël
