Que le conseil de sécurité de l’ONU approuve demain soir une résolution, qui inscrit, aux yeux du monde, Gaza et la région sur le chemin de la paix, peut être saluée comme un progrès longtemps espéré, jamais arrivé. Cependant, le projet américain pose questions.
D’abord en raison des pressions exercées par Washington pour qu’il soit adopté. Mike Waltz, son ambassadeur aux Nations Unies, affirme que « tout refus de soutenir cette résolution est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel ». Il n’y aurait pas d’autre choix…
D’où la deuxième réserve : il donne tout pouvoir aux Etats-Unis, à Donald Trump qui , jusqu’en décembre 2027 présiderait un « comité de la paix », organe de « gouvernance de transition » pour administrer Gaza et gérer le déploiement d’une « force de stabilisation internationale » (ISF). Rien de précis apparemment sur la manière de fonctionner du comité ni sur l’action de l’ISF.
Troisième problème : Israël n’applique que les résolutions de l’ONU qui lui conviennent, c’est-à-dire très peu. Benjamin Netanyahou refuse de perdre la main sur la bande de Gaza et sur le désarmement du Hamas. Il affirme disposer d’un droit de veto quant à la composition de la force internationale de stabilisation.
Quatrième gêne : le projet stipule qu’après la réforme de l’Autorité palestinienne, « les conditions pourraient être réunies pour une voie crédible vers l’autodétermination et l’établissement d’un État palestinien ». On peut douter quand on sait que Trump a affirmé publiquement n’avoir même pas encore décidé s’il appuierait une solution à deux États et que Netanyahou s’y oppose formellement.
D’où les critiques de Moscou qui estime que le texte de Washington ne reflète pas les fondements du droit international ni les principes unanimement reconnus du processus de paix, notamment la solution à deux États. La Russie a donc déposé un contre-projet qui réclame une définition claire des modalités d’un éventuel déploiement d’une force de maintien de la paix à Gaza et d’une administration transitoire, afin qu’elles respectent « pleinement les standards juridiques internationaux ». Le texte demande au secrétaire général de l’ONU de présenter au Conseil un rapport détaillant les options pour appliquer les volets pertinents du plan Trump.
Il serait bien que le Conseil de sécurité insiste sur les besoins immédiats des Gazaouis qui souffrent du froid et des inondations. Et se penchent sur les exactions quotidiennes en Cisjordanie.
