Le déficit du compte courant de la Tunisie devrait atteindre 2,7 % du PIB en 2025, principalement sous l’effet d’un creusement du déficit commercial, selon la dernière note économique de la Banque mondiale intitulée « Renforcer les filets de sécurité sociale pour plus d’efficacité et d’équité ».
Cette dégradation serait toutefois partiellement compensée par une amélioration modérée des recettes touristiques ainsi que par la baisse des prix internationaux du pétrole.
Un déficit qui continuera à se creuser
À moyen terme, la Banque mondiale anticipe une poursuite de la détérioration du compte courant, qui devrait atteindre 3,1 % du PIB en 2027.
Les investissements directs étrangers devraient, quant à eux, rester stables, tandis que les capitaux de portefeuille demeureraient « très faibles », selon les prévisions.
Dans un contexte de pressions persistantes sur le financement extérieur, les autorités tunisiennes pourraient être amenées à recourir davantage à des emprunts en devises auprès de la Banque centrale, faute d’alternatives suffisantes.
Besoins de financement
Du côté des finances publiques, le déficit budgétaire devrait enregistrer une relative stabilisation, pour s’établir à 5,7 % du PIB en 2025.
Ce niveau s’explique par une hausse contenue des subventions et de la masse salariale, ainsi qu’une progression modérée des recettes fiscales.
À l’horizon 2027, le déficit budgétaire serait ramené à 4,4 % du PIB, grâce aux efforts visant à maîtriser les dépenses de subventions et de rémunération.
La dette publique enregistrerait une légère baisse, passant de 84,5 % du PIB en 2024 à 83,6 % en 2027.
Mais les besoins globaux de financement resteraient très élevés : ils devraient atteindre 28 milliards de dinars en 2026 et 27 milliards en 2027, sous l’effet d’un calendrier de remboursement chargé.
Un recours accru aux prêts souverains
Avec la limitation de l’endettement extérieur, la Tunisie fait face à un dilemme pour financer son déficit budgétaire.
La Banque mondiale estime que les prêts souverains couvriront une large partie des besoins, réduisant ainsi la nécessité de puiser dans les réserves en devises de la Banque centrale.
Toutefois, le recours au financement monétaire n’est pas sans risque : il pourrait entraîner une éviction du crédit au secteur privé, des pressions inflationnistes et une fragilisation accrue du système bancaire, même dans l’hypothèse d’un apaisement des risques extérieurs.
