L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a adressé un courrier à la cheffe du gouvernement, Sarah Zaâfrani Zenzeri, lui demandant d’ouvrir des négociations urgentes avec le gouvernement concernant les augmentations salariales et les conditions de travail dans les secteurs public et privé.
Cette correspondance intervient après le refus par l’UGTT de l’article 15 du projet de loi de finances 2026, qualifié de « précédent illégal et inconstitutionnel ». Selon la centrale syndicale, cet article « vise à exclure les partenaires sociaux et à confisquer leur rôle dans l’élaboration des politiques économiques et sociales ».
L’UGTT a affirmé que la fixation des salaires doit se faire à travers des conventions collectives et des négociations sectorielles entre le gouvernement et les organisations syndicales et professionnelles. Transformer cette question en un article de la loi de finances dépasse, selon l’UGTT, les prérogatives du gouvernement et menace le modèle social tunisien fondé sur l’équilibre entre les partenaires sociaux.
Menace de grève générale
L’organisation syndicale souligne que le gel du mécanisme de dialogue social constitue une violation flagrante du principe de participation et une confiscation du droit des organisations syndicales à exercer leur rôle représentatif. Elle rappelle que ce droit est protégé au niveau constitutionnel et international par les conventions signées avec l’Organisation internationale du travail.
L’UGTT demande le retrait de l’article 15 et l’ouverture immédiate de négociations urgentes pour augmenter les salaires des agents de la fonction publique, du secteur public et des retraités, sur la base de critères liés au taux d’inflation annuel, au taux de croissance et à la dégradation du pouvoir d’achat réel des travailleurs.
Pour ce qui est du secteur privé, l’Union insiste sur la nécessité de reprendre les négociations sociales avec l’UTICA pour l’année 2025 et d’entamer les négociations salariales pour 2026.
La correspondance précise également que les canaux de communication entre l’UGTT et le gouvernement sont désormais épuisés. Elle tient le gouvernement pour responsable de la poursuite de cette situation de blocage, rappelant que le Conseil national de l’UGTT avait déjà décidé, lors de sa réunion de septembre 2024, le principe d’une grève générale en cas de maintien de la fermeture du dialogue. La date de cette grève doit être fixée par le prochain bureau administratif, prévu le 5 décembre 2025, après une série de protestations sectorielles dans l’agriculture, le transport, l’éducation et les banques, liées à l’enlisement du dialogue social.
