Netanyahou gracié ? Quelques dizaines d’Israéliens ont manifesté dimanche soir devant le domicile du président Isaac Herzog pour exprimer leur total désaccord quelques heures après l’annonce de la demande faite par le Premier ministre et ses avocats.
Porté par Donald Trump qui, le 14 octobre à la Knesset puis le 22 novembre, par lettre, avait demandé sa grâce, Benjamin Netanyahou n’ a plus aucun limite et continue d’agir à sa guise à Gaza, en Cisjordanie, au Liban et en Syrie, à démettre ceux qui lui déplaisent. Il veut poursuivre son grand destin messianique -il se réfère souvent à la Bible- de conduire son peuple hébreu vers le Grand Israël qui comprend la Judée et la Samarie, la Cisjordanie.
Déjà divisée par la guerre imposée à Gaza et la question des otages longtemps sacrifiés par Netanyahou, la société israélienne est de plus en plus polarisée. Un premier sondage réalisé hier auprès de l’ensemble de la population israélienne, juifs et Arabes confondus, indiquait que 49 % s’opposent à l’octroi d’une grâce, tandis que 32 % y sont favorables et 19 % se déclarent neutres. Parmi les électeurs de la coalition au pouvoir, 62 % soutiennent la grâce, 17 % s’y opposent et 21 % restent indécis.
Que va décider le président Herzog qui, en mars dernier, s’inquiétait déjà de cette polarisation et des décisions controversées prises par le gouvernement d’extrême droite ? En septembre, il avait laissé entendre qu’il pourrait accorder une telle grâce, déclarant dans un entretien à la radio de l’armée que le procès du Premier ministre « pesait lourdement sur la société israélienne ». C’est justement pour cette raison que Bibi demande cette grâce. « La poursuite du procès nous divise de l’intérieur et pèse lourdement sur la société israélienne » plaide-t-il, ajoutant que témoigner trois fois par semaine est « une exigence impossible à satisfaire ». Son procès pour corruption, fraude et abus de confiance dure depuis plus de six ans.
Dimanche soir, les manifestants ont appelé le président Herzog à protéger «la démocratie israélienne» et clamé que «Netanyahou sait qu’il n’est pas innocent et c’est pourquoi il veut échapper à son procès». L’opposition est vent debout et l’Institut israélien pour la démocratie (IDI) affirme qu’ « une grâce en pleine procédure judiciaire constitue une atteinte mortelle à l’État de droit et au principe d’égalité devant la loi ».
Certains juristes et politiques suggèrent que la grâce soit accordée en échange d’élections anticipées. Des proches du chef du gouvernement répondent que Netanyahou ne consentira à aucune négociation impliquant un compromis politique : « c’est tout ou rien », indiquent-ils.
Netanyahou refuse toute entrave pour pouvoir, dit-il, continuer à s’attaquer à des problèmes comme le système judiciaire et les médias.
Netanyahou surréaliste, messianique, fou…
