Ainsi va le monde : plus de 1500 morts et des centaines de disparus en Asie du Sud-Est à cause d’inondations historiques, sécheresse tout autant historique en Iran où le président Massoud Pezeshkian parle de plus en plus d’une évacuation de Téhéran et de sa quinzaine de millions d’habitants. Sans doute illusoire et infaisable, mais la situation est très grave.
La capitale iranienne a reçu lundi ses premières pluies d’automne, mais elles sont insuffisantes pour rassurer les habitants déjà sévèrement frappés par la crise économique. Selon les économistes, sept millions de personnes sont déjà frappées par la faim, et si la tendance se poursuit, près de 40% de la population pourrait basculer dans la précarité.
« L’alerte rouge de la pénurie d’eau a sonné en Iran », titrait à la mi-juillet le journal Jam-é-Jam, publication de la télévision d’État, soulignant que « la situation de Téhéran est pire que celle du reste des provinces ». À des niveaux divers, les 31 provinces du pays sont touchées.
En août, des habitants sont descendus dans la rue pour protester contre les pénuries et réclamer un accès à l’eau avec ce slogan : « Eau, électricité, vie ! » D’autres ont prié pour l’arrivée des précipitations.
La pénurie d’eau n’est pas seulement liée au réchauffement climatique. Elle résulte de plusieurs facteurs : des décennies de mauvaise gestion, des infrastructures construites dans les années 1980 et mal entretenues, entraînant un énorme gaspillage , une agriculture archaïque qui consomme 92% de l’eau disponible… L’Iran utilise chaque année plus d’eau que ses sources renouvelables n’en produisent.
Le conseil national de la résistance iranienne, opposition en exil, ajoute que le Corps des Gardiens de la révolution islamique gère une véritable mafia de l’eau et privilégie l’obtention de contrats lucratifs plutôt qu’une gestion durable. Le pouvoir a plutôt tendance à nier toute responsabilité. Ainsi, Mohsen Araki, membre de l’Assemblée des experts, a publiquement affirmé que la crise de l’eau, la sécheresse et le manque de pluie étaient un châtiment divin infligé à cause des femmes qui ne respectaient pas le port obligatoire du hijab.
Parallèlement à cette crise de l’eau, la pollution atmosphérique et une vague de grippe qui se propage ont contraint des écoles et des universités à fermer leurs portes. Le journal opposant Independent Persian, basé à Londres, écrit que « la République islamique redoute de plus en plus que des troubles éclatent dans le pays, surtout après la récente guerre avec Israël ». « Si les manifestations reprennent, compte tenu des multiples crises, économique, environnementale et politique, il sera cette fois plus difficile pour le pouvoir de les contrôler et cela pourrait même conduire à l’effondrement de l’ordre existant », note Independent Persian.
