Il risquait jusqu’à dix ans de réclusion. Ce matin, la cour d’appel d’Alger a condamné l’écrivain Franco-algérien Boualem Sansal à cinq ans, la même peine qu’en première instance pour, notamment « atteinte à l’unité nationale » et « outrage à corps constitué ». « Incompréhensible » et « injustifié » estime le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, « affaire insupportable » renchérit le Premier ministre François Bayrou.
Certes, l’écrivain paie simplement le « crime » de ne pas être d’accord avec le pouvoir, mais il faut voir dans cette non aggravation de la peine, une sorte de mesure d’apaisement. Dans sa logique, Alger ne pouvait pas céder, ce qui serait apparu comme une marque de faiblesse. Impossible pour un régime autoritaire, voire totalitaire, qui est en échec sur tous les plans: politique, économique comme diplomatique.
Cette toute relative clémence permet d’espérer une mesure de grâce le 5 juillet, jour de la fête nationale. Cette mesure présidentielle touche des détenus condamnés définitivement ou en détention provisoire, atteints de maladies chroniques, ou âgés de plus de 65 ans. Ce qui est le cas de Sansal.
Le geste serait porté au crédit d’Abdelmajid Tebboune et pourrait permettre une reprise des relations franco-algériennes qui se détériorent gravement depuis que Paris s’est rangée dans le camp marocain à propos du Sahara occidental.
Même si une bonne nouvelle intervient samedi, la France reste le bouc émissaire favori et un autre de ses ressortissants, le journaliste sportif Christophe Gleizes, vient d’être condamné à sept ans de prison. Il avait été arrêté en mai 2024 et la justice l’accuse d’ « apologie du terrorisme » et de « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national ». Il préparait un livre sur le club JSK, Jeunesse sportive de Kabylie, et enquêtait sur la mort à Tizi Ouzou d’un footballeur camerounais en 2014. En 2015 et 2017, il avait été en contact avec un dirigeant du club de football de Tizi Ouzou, qui est également un des responsables du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, classé en 2021 comme organisation terroriste. Christophe Gleizes ne s’intéressait qu’au foot. Un dossier totalement vide.
Il faut ajouter que dans cette brouille entre les deux pays, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’a fait que jeter de l’huile sur le feu en prônant le rapport de force. Alger pourrait réclamer un « apaisement » du ministre qui n’entend pas faire marche arrière. Ce matin, il a maintenu sa « ligne de fermeté » et « considéré que même une histoire tempétueuse ne doit pas justifier l’omerta ».