Après 41 ans derrière les barreaux, le militant libanais pro-palestinien Georges Abdallah est sorti de la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) ce vendredi 25 juillet un peu après 3h30.
L’ancien militant, âgé de 74 ans, doit rejoindre l’aéroport de Roissy pour prendre un vol à destination de Beyrouth. « C’est à la fois une joie pour lui, un choc émotionnel et une victoire politique après tout ce temps », a affirmé son avocat Jean-Louis Chalanset, ajoutant : « Il aurait dû sortir il y a tellement longtemps. »
La cour d’appel de Paris a ordonné sa libération la semaine dernière, à condition qu’il quitte définitivement le territoire français. Depuis sa cellule, le plus vieux prisonnier de France avait réagi à cette décision : « Quarante ans, c’est beaucoup, mais on ne les sent pas quand il y a une dynamique de lutte », avait-il déclaré.
Libérable depuis 1999, il avait vu jusque-là une dizaine de demandes rejetées. Le parquet général de Paris a annoncé lundi un pourvoi en cassation contre sa libération, mais ce recours n’étant pas suspensif, il ne bloque pas son départ. Selon son avocat, qui l’a vu jeudi en prison, « il semblait très heureux de sa prochaine libération, même s’il sait qu’il arrive au Moyen-Orient dans un contexte extrêmement lourd pour les populations libanaises et palestiniennes. »
Une peine « disproportionnée » ont estimé les juges
Les magistrats de la cour d’appel ont estimé que la durée de sa détention était « disproportionnée » au regard des faits, de son âge, et de l’évolution de la situation. L’ancien chef des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), un groupuscule marxiste de chrétiens libanais dissous depuis longtemps, n’a « pas commis d’action violente depuis 1984 », a rappelé la cour.
Georges Abdallah est devenu, selon les juges, un « symbole passé de la lutte palestinienne ». Tout en regrettant qu’il n’ait pas exprimé de « regret ou compassion pour les victimes qu’il considère comme des ennemis » la justice a estimé qu’il ne représentait plus un risque pour l’ordre public.
À l’époque des faits, dans le contexte de la guerre civile libanaise et de l’invasion israélienne du Sud-Liban en 1978, les FARL visaient les intérêts israéliens et américains à l’étranger. Avant l’arrestation de Georges Abdallah en 1984, l’organisation avait commis cinq attentats en France, tuant deux diplomates en 1982.
Le militant avait été identifié grâce à ses empreintes retrouvées dans une planque remplie d’armes, dont le pistolet utilisé lors des assassinats. Il avait comparu seul devant la justice en 1987. L’Ancien instituteur a toujours nié son implication dans les assassinats, mais a refusé de condamner les « actes de résistance » contre « l’oppression israélienne et américaine ».