Quand on tape Soudan sur un site d’information, on tombe sur du football, sur la victoire de l’équipe de la République démocratique du Congo sur celle du Soudan dans un match de qualification pour la coupe du monde de l’an prochain, une victoire synonyme, selon des commentateurs, « d’espoir pour un peuple meurtri par des décennies de guerre et de violences ». Certes, la RDC a souffert et souffre encore, mais le Soudan où la guerre fait rage depuis avril 2023 connaît, affirme l’ONU, la « pire crise humanitaire et de déplacement au monde » – au moins 150 000 morts, près de 13 millions de personnes déplacées, dont un tiers dans les pays voisins.
Aujourd’hui, des drones lancés par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), ont frappé Khartoum, la capitale tenue par les forces armées soudanaises (FAS) pendant plusieurs heures, faisant plusieurs morts.
Dans le Darfour-Nord, les attaques d’El Fasher, assiégée depuis dix-huit mois par les FSR, ont fait plus de 60 morts ces derniers jours. Les massacres y sont quotidiens. L’armée n’est pas en reste… Ces derniers mois, 300 000 personnes auraient quitté la ville mais plus de 260 000 personnes — la moitié, des enfants – y seraient coincés. Les appels se multiplient pour l’ouverture d’un corridor humanitaire afin de faire entrer secours et ravitaillement. La population est affamée.
Le 5 septembre dernier, la Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur le Soudan, créée par l’ONU, a indiqué que les forces rivales au Soudan prennent délibérément pour cible la population civile, commettant des atrocités et des crimes de guerre. Certains actes peuvent également constituer des crimes contre l’humanité, notamment la persécution et l’extermination. Des violences sexuelles et sexistes, notamment des viols, des viols collectifs, des mariages forcés et de l’esclavage sexuel, ont été commis par des combattants des FSR. Le personnel des FAS et les forces alliées sont également impliqués dans des actes de torture à caractère sexuel durant les détentions.
La famine, apparue en août 2024, au Darfour du Nord, s’est étendue à d’autres régions. Plus de 30 millions de personnes, soit les deux tiers de la population, sont confrontées à une faim extrême. Près de 5 millions d’enfants et de mères allaitantes souffrent de malnutrition aiguë », a précisé le représentant du PAM. Les cas de choléra, de dengue et de paludisme se multiplient.
Le Soudan du Sud ne va guère mieux. Là aussi, les sites d’informations mettent en avant le football et la défaite de l’équipe nationale face au Sénégal ( 5-0). Depuis l’inculpation du vice-président Riek Machar par la justice sud-soudanaise pour «crimes contre l’humanité», le 11 septembre, le conflit s’est intensifié entre ses partisans et ceux du président Salva Kiir. Plus de 300 000 personnes ont fui le pays, pour se réfugier au Soudan, en Ethiopie, en Ouganda, en République démocratique du Congo, et au Kenya. Le Soudan du Sud a, lui, accueilli 560 000 réfugiés soudanais…
Entre 2013 et 2017, la guerre entre les deux hommes, qui a suivi l’indépendance proclamée en 2011, avait fait au moins 400 000 morts.