Hier, 27 septembre, l’équipe nationale tunisienne rencontrait l’équipe la plus titrée à la Coupe du monde: 5 fois sacrée. Elle rencontrait ainsi l’illustre Neymar, Thiago Silva ou Marquinhos. Autrement dit, un bataillon de pointures.
Nous savions aussi que notre équipe n’avait pas de quoi rougir, équilibrée, cohésion d’équipe, mental… elle aurait dû avoir de quoi se défendre.
Et pourtant, ça a été un véritable naufrage, 4 buts dès la première mi-temps… Et encore un but en seconde période. Une raclée.
Toutefois, quelque part, dans nos paramètres mentaux, la possibilité d’une humiliation était possible, pas souhaitable, mais plausible face à une telle équipe de titans.

Ce que nous n’attendions pas, c’était l’attitude de nos supporters dans les gradins. Une attitude minable et impardonnable. Sifflement de l’hymne national brésilien, laser dans les yeux des joueurs et la faute ultime: une peau de banane lancée à Richarlison après son but. Un comportement honteux et une double peine pour le pays.
Néanmoins, à y voir de plus près, là encore, n’était-ce pas prévisible?
Le « hooligan », à savoir ce terme anglais du XIXème siècle, pour qualifier un supporter qui utilise la violence dans le but de déstabiliser l’équipe adverse, connaît ses premières manifestations en 1970 en URSS, où les réunions sont interdites dans ce pays. Les stades sont les seuls endroits de rassemblement autorisé ; les violences sont fréquentes, mais soigneusement occultées par le régime communiste. Puis le phénomène gagne l’Angleterre, dans le milieu ouvrier des années Thatcher, autrement dit chez les oubliés du régime. Hooliganisme que l’on retrouve ensuite en Allemagne après la chute du mur de Berlin, mais qui alors récupéré par l’extrême-droit comme au début des années 2000 en Italie ou en Serbie avec un supplément politique nationaliste.
Alors, certes, les supporters tunisiens n’étaient pas des hooligans mais leur comportement est à relier avec la situation actuelle du pays. L’ordre est une notion inexistante depuis la révolution.
Manifestations à outrance au point de paralyser le pays économiquement comme dans le secteur du phosphate, ou encore à l’échelle sociale comme la grève des éboueurs à Sfax, ville qui est passée à deux doigts du choléra… Nous pourrions évoquer aussi la grève de la police suite au spectacle d’un humoriste, faisant ainsi feu de tout bois de son devoir de réserve. Un manque de discipline qui n’épargne pas la classe dirigeante -si elle ne vient pas d’elle- comme l’a si bien démontré l’Assemblée des représentants du peuple, par la cacophonie, la calomnie et qui avait touché le fond, suite à plusieurs épisodes de violences physiques.
Ou encore la plus inquiétante de toutes, les fautes de français dans les manuels scolaires, rédigés sous l’égide de plusieurs enseignants et inspecteurs. Une faute là encore qui n’indique rien qui vaille pour l’éducation actuelle et future du pays, si ce n’est une condamnation à la médiocrité que nous subissons au quotidien.
Et depuis, juillet 2021, cette médiocrité, nous l’avons consacrée. Nous lui avons accordé l’aval à un régime qui se veut et se déclare populiste. « Vive les jeunes », « non à l’ingérence », « la souveraineté nationale », « réformer la justice » etc… Evidemment nous voudrions « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » mais les institutions assument-elles leurs rôles? Et particulièrement l’institution éducative à laquelle incombe la formation et la préparation des jeunes générations aux respects des valeurs, à la tolérance, à l’acceptation de l’autre.
Tout ce qui a semblé nous faire défaut hier au Parc des Princes.