Trop, c’est trop. Cette expression est bien faible quand on parle de la colonisation israélienne en Cisjordanie où c’est trop de trop de manière exponentielle. Le 22 mai, rapporte le Times of Israël, Maghar al-Deir est devenu le dernier village en date de ce territoire occupé à avoir été vidé de ses résidents en raison des intimidations des partisans du mouvement pro-implantation, dans le cadre de ce qui semble être une campagne dont l’objectif est de chasser les éleveurs bédouins des terres où ils vivaient paisiblement depuis des décennies, voire plus. Un processus habituel qui se déroule sous les yeux passifs de l’armée, voire avec son aide.
Quelques jours plus tôt, l’Etat hébreu avait validé un programme de cadastrage de la zone C – 60% de la Cisjordanie est sous contrôle israélien- ce qui signifie que Tel Aviv va étudier un à un les titres de propriété des Palestiniens y résidant. Toute personne n’ayant pas en sa possession les « bons » documents peut être expropriée au bénéfice de l’État israélien.
Aujourd’hui, un pas de plus a été franchi : la création de 22 nouvelles colonies juives. Bezalel Smotrich, colon d’extrême droite, ministre des Finances et chargé de la gestion civile en Cisjordanie, s’est félicité : « Nous avons pris une décision historique pour le développement des implantations : 22 nouvelles localités en Judée-Samarie », a-t-il déclaré, utilisant le nom par lequel les Israéliens désignent la Cisjordanie. « Il s’agit d’une décision historique […] qui change la face de la région et façonne l’avenir de l’implantation pour les années à venir », a renchéri le ministre de la Défense, Israël Katz. Pour Netanyahou et ses extrémistes, le droit international n’a aucune valeur. Plus de 500 000 Israéliens vivent dans des colonies en Cisjordanie, au milieu de trois millions de Palestiniens.
Au moment où le président français Macron réaffirme en Indonésie que « la solution à deux États et la liberté de la Palestine sont la seule voie vers une paix véritable », cette idée semble encore reculer, ne laissant pas augurer grand-chose de la conférence coprésidée par la France et l’Arabie Saoudite en juin. Bezalel Smotrich a d’ailleurs affiché la couleur : « Prochaine étape : la souveraineté ».Incompétent et aveugle, l’émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, a dit mercredi avoir « un très bon ressenti » sur la possibilité de conclure une trêve à Gaza. Trop, vraiment trop de trop.