Dix ans après la COP 21 à Paris en 2015, l’objectif final est toujours de limiter le réchauffement à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle, mais on sait qu’il ne sera pas tenu et que l’on se dirige plutôt vers 2,8 degrés. « Nous avons échoué » a déploré jeudi le secrétaire général de l’ONU au sommet des dirigeants avant la COP30 qui s’est ouverte aujourd’hui à Belém. Antonio Guterres a tenu à souligner que «nous nous trouvons à un moment décisif » et qu’il ne faut pas le laisser passer. Cependant aucune avancée historique ni texte fondateur ne sont attendus. On espère seulement, au moment où les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, certes moins rapidement , mais atteignent un niveau record, plus de 55 milliards de tonnes de CO2, qu’une majorité de pays passera des promesses aux actions.
On entendra beaucoup de beaux discours qui masqueront des contradictions. Ainsi, le président brésilien Lula qui plaide avec raison et passion pour la défense des peuples, la protection des forêts tropicales et la fin programmée des énergies fossiles, vient de valider un projet de la compagnie Petrobras de forer en haute mer pour trouver de l’or noir. Lula affirme que les nouvelles recettes permettront notamment d’alimenter un « fond social » qui comprend des programmes d’accès au logement, d’alimentation, de soutien aux populations indigènes…
L’Allemagne, elle, refuse la fin de la vente des voitures thermiques en 2035 et la Norvège, riche pays pétrolier, songe toujours à l’exploitation des minerais dans les fonds marins. Quant aux Etats-Unis, ils n’ont pas envoyé de délégation officielle, mais ne se priveront pas, dans les couloirs, de manœuvrer pour faire prévaloir leurs opinions. Ils ont récemment empêché un accord sur les plastiques et fait reporter d’un an une possible entente sur une taxation carbone des transports maritimes. Pour cela, Trump brandit ses fameux droits de douane.
A Belém, il sera question d’argent. Lors de la COP29, en Azerbaïdjan, il avait été décidé que 23 pays développés et l’Union européenne – désignés en 1992 comme responsables historiques du changement climatique – devront fournir « au moins 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 » pour aider les pays du Sud. On y est pas et cette somme est considérée par certains comme « dérisoire », « ridicule » et « néocolonialiste ». Aujourd’hui, on parle de 1 300 milliards, une réparation au nom de la justice, et non de charité, selon les pays du Sud. Un avis partagé par Greenpeace Africa qui rappelle dans un communiqué que « ceux qui ont causé la pollution doivent payer la réparation » au nom du principe de pollueur-payeur.
L’Afrique, qui pèse moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est le continent qui en paie le prix le plus élevé. Chaque année, les catastrophes climatiques amputent entre 2% et 5% du PIB de nombreux pays africains, ce qui réduit les programmes en faveur de l’enseignement et de la santé.
Le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso constate: « dix ans après l’accord de Paris de 2015, force est de relever le fossé béant entre les ambitions proclamées et la grande insuffisance des efforts réalisés ». Et l’argent est trop souvent fourni sous forme de prêts qui augmentent la dette…
Pour les plus pauvres, la Cop 30, c’est surtout « de la poudre aux yeux ».
