À Bogota, douze pays se sont mis d’accord pour interdire la vente d’armes à Israël ainsi que toute utilisation de fonds publics “servant à occuper illégalement le territoire palestinien”, afin de stopper l’offensive meurtrière de l’État hébreu à Gaza, à quelque 12 000 kilomètres de là. Ces États font tous partie du Sud global, qui regroupe les pays en développement situés en partie dans l’hémisphère sud.
La Colombie, la Bolivie, Cuba, l’Indonésie, l’Irak, la Libye, la Malaisie, la Namibie, le Nicaragua, Oman, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et l’Afrique du Sud refusent de “rester des observateurs passifs face à la dévastation du territoire palestinien occupé et au déni du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination”, selon la déclaration du Groupe de La Haye – une coalition d’États qui tenait les 15 et 16 juillet son premier sommet en Colombie –, reprise par le journal El Espectador.
« Au-delà du simple discours »
Bien qu’il s’agisse avant tout d’un geste symbolique, dans la mesure où ces pays ne disposent pas de puissants leviers d’action sur Israël ou son allié américain, cette déclaration “va au-delà du simple discours”. Elle contraste avec celle des membres l’Union européenne, qui ne sont pas parvenus dans le même temps à s’entendre pour mettre fin aux accords commerciaux et de recherche existants avec Israël, note le journal de Bogota.
Les 12 pays signataires (sur 32 participants au sommet) refusent également de laisser accoster les navires pouvant transporter des armes vers Israël et s’engagent à garantir l’application du droit international afin de renforcer “l’obligation [pour Israël] de rendre des comptes pour les crimes graves” commis, précise encore le quotidien colombien.
Présente à l’événement, la rapporteure spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese, a pour sa part déclaré à El Espectador que “ne pas parler de génocide c’est déjà prendre une posture politique”. Plus de 58 000 Palestiniens, dont 30 % d’enfants, sont morts lors des vingt et un mois de l’offensive israélienne qui a rasé des quartiers entiers, enfouissant des hôpitaux et des écoles sous les bombes “devant les caméras des rares journalistes palestiniens encore en vie”, écrit El País América.
Très critiques envers Israël, la Colombie – dirigée pour la première fois par un président de gauche, Gustavo Petro – et l’Afrique du Sud – qui a longtemps vécu sous un régime d’apartheid – coprésident le Groupe de La Haye, créé en janvier 2025 aux Pays-Bas et composé de six autres pays : Bolivie, Cuba, Honduras, Malaisie, Namibie et Sénégal.