
ALGÉRIE-ESPAGNE – Rien ne va plus entre Alger et Madrid. L’Algérie a suspendu mercredi 8 juin un « traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération » conclu en 2002 avec l’Espagne, après le revirement de Madrid sur le dossier du Sahara occidental pour s’aligner sur la position du Maroc. L’Espagne dit « regretter » la décision d’Alger.
« Les autorités espagnoles se sont engagées dans une campagne tendant à justifier la position qu’elles ont adoptée sur le Sahara occidental en violation de leurs obligations juridique, morale et politique de puissance administrante du territoire qui pèsent sur le royaume d’Espagne jusqu’à ce que la décolonisation du Sahara occidental soit déclarée accomplie par les Nations unies » a déclaré la présidence algérienne. Le traité prévoyait le renforcement du dialogue politique entre les deux pays et le développement de la coopération dans les domaines économique, financier, éducatif et de la défense. Un organisme bancaire clé en Algérie a d’ores et déjà annoncé des restrictions sur les transactions commerciales avec l’Espagne, après la suspension de ce traité, selon un document publié par des médias locaux.
L’Union européenne a appelé ce jeudi les autorités algériennes à « revenir sur leur décision » et a jugé « extrêmement préoccupante » la situation ainsi créée par un « partenaire important » pour la stabilité régionale.
MAROC – Le Maroc a refusé à un navire de croisière allemand d’accoster dans un port du nord du pays après la détection de cas positifs de coronavirus parmi les passagers, rapportent mercredi 8 juin les médias locaux. En provenance de Lisbonne, le paquebot «Mein Schiff Herz», appartenant au géant touristique allemand Tui Cruises, devait aborder mardi matin au grand port de Tanger-Ville. Mais les autorités portuaires lui ont interdit de débarquer les touristes à bord, en majorité des Allemands, «sur la base d’un rapport reçu par les autorités sanitaires marocaines qui fait état d’une augmentation des cas d’infection au Covid-19 parmi les passagers», précise le site d’information Le360.
Le «Mein Schiff Herz», qui bat pavillon maltais, a une capacité de transport de 1900 passagers et 780 membres d’équipage, ce qui le classe dans la catégorie des gros paquebots de croisière. Mardi, face à un regain de la propagation du virus en particulier dans les grandes villes, le Maroc a décidé de rehausser son niveau de vigilance de «vert faible» à «orange moyen». Le responsable des opérations d’urgence au ministère de la Santé, le docteur Mouad Mrabet, a exhorté la population à reprendre l’usage du port du masque dans les lieux fermés ou à forte fréquentation, même si le nombre de décès et des nouveaux cas admis dans les services de réanimation reste faible.
MAROC – Depuis plusieurs semaines, l’autrice Fatima Zahra Amzkar et la maison d’édition Dar Agora préparaient la présentation de l’ouvrage Mémoires d’une lesbienne au Salon international de l’Édition et du livre (SIEL), un des événements littéraires les plus importants du pays. Une séance de dédicaces avait été annoncée : le roman aborde notamment le poids social de l’homosexualité au Maroc, où les autorités et une partie de la population considèrent l’homosexualité immorale, à travers le parcours d’une jeune lesbienne. Le ministère de la Culture a interdit le livre.
Le titre avait pour objectif, selon l’autrice, de rectifier des idées reçues sur l’homosexualité, mais aussi d’évoquer le rapport de la société marocaine à la sexualité, au mariage et aux droits des femmes.
Passible de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement, assortis d’une amende, l’homosexualité est punie par l’article 489 du Code pénal marocain. Les personnes homosexuelles subissent également tous types de discriminations — ces dernières n’étant bien sûr pas interdites par la loi — ainsi qu’un regard de la société particulièrement réprobateur.
Fatima Zahra Amzkar et son livre en ont d’ailleurs été les victimes, peu après l’annonce de la séance de dédicaces. Sur les réseaux sociaux, un mot d’ordre a circulé, appelant à boycotter le SIEL et menaçant l’autrice comme sa maison d’édition. S’exprimant auprès du Site Info, Fatima Zahra Amzkar a assuré avoir reçu plus d’une centaine de menaces de mort.
Le ministère de la Culture marocain a tenté de justifier l’interdiction du livre en indiquant que ce dernier n’avait pas été validé par les autorités, ce que dément l’autrice : « Il n’a été retiré qu’après la campagne de haine dont j’ai été la cible », indique-t-elle.

LIBYE – Sous la présidence de la conseillère spéciale du secrétaire général de l’ONU sur la Libye, Stephanie Williams, et en présence de représentants du Royaume-Uni, de Turquie, d’Egypte, d’Italie, de France et de l’Union africaine (UA), une réunion du Groupe de travail sur la sécurité pour la Libye s’est tenue mardi dans la capitale tunisienne. Cette réunion a eu lieu en présence de tous les membres de la Commission militaire conjointe 5+5, portant sur le suivi du cessez-le-feu ainsi que le processus de désarmement, selon la même source.
Mme Williams a souligné à cette occasion l’importance « d’assurer le maintien de la stabilité et d’éviter toute forme d’escalade sur le terrain ». « J’ai été ravie de participer directement à la réunion des observateurs libyens et internationaux du processus de cessez-le-feu (…) Ils ont fait preuve d’enthousiasme et d’engagement envers l’activation des prochaines étapes de l’accord de cessez-le-feu », a-t-elle déclaré à l’issue de la réunion.
Elle a également exprimé sa gratitude à toutes les parties concernées par le dossier libyen pour leur « soutien à faire pression pour l’organisation d’élections dans les meilleurs délais sur une base solide et un cadre constitutionnel consensuel afin de réaliser les aspirations du peuple libyen à élire ses représentants ».
IRAK – Bagdad qui n’a toujours pas adopté son budget pour 2022, s’est doté mercredi d’une loi de financement d’urgence lui permettant de régler les arriérés réclamés par l’Iran pour solder sa dette sur le gaz, et d’assurer la sécurité alimentaire. Alors que l’Irak entre de plain-pied dans un été caniculaire où les températures frôlent les 50 degrés, Bagdad veut assurer le fonctionnement de ses centrales et éviter une réduction des importations de gaz, souvent suspendues par l’influent voisin iranien.
Bagdad aurait dû payer à Téhéran 1,6 milliard de dollars (1,4 milliard d’euros) d’arriérés avant début juin, une somme de 2020 jamais réglée à ce jour en raison des sanctions américaines à l’encontre de l’Iran qui retardent considérablement les procédures de paiement. Mercredi, les députés irakiens ont adopté une loi de financement d’urgence portant sur « la sécurité alimentaire et le développement », d’un total de 25 trillions de dinars (environ 16 milliards d’euros).
Quatre trillions de dinars (environ 2,5 milliards d’euros) seront affectés au règlement des dettes de gaz et d’électricité de l’Irak et à l’achat d’énergie à l’étranger. En outre, 5,5 trillions de dinars (environ 3,2 milliards d’euros) serviront à acheter des céréales, dont une grande partie de blé, sur le marché intérieur et à l’étranger. La loi doit encore être promulguée par le président de la République, Barham Saleh.
IRAK – Trois personnes ont été blessées et des véhicules endommagés mercredi soir par un drone piégé qui a déclenché sa charge sur une route en banlieue d’Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan d’Irak, a-t-on appris de source sécuritaire. Le drone piégé a fait « trois blessés » sur la route qui mène d’Erbil à Pirmam, au nord-est d’Erbil, a indiqué l’Agence antiterroriste du Kurdistan autonome dans un communiqué, précisant que « plusieurs véhicules ont été endommagés ». L’attaque, qui n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, s’est produite à environ trois kilomètres d’un bâtiment en construction qui doit abriter le nouveau consulat des Etats-Unis à partir de l’année prochaine, à l’extérieur du centre-ville d’Erbil. Le consulat des Emirats arabes unis est, lui, à quelques centaines de mètres du lieu de l’attaque. Plusieurs attaques ont eu lieu ces derniers mois à Erbil et dans la région autonome du Kurdistan.

IRAN – C’est un électrochoc qui a peu de chances de produire les effets escomptés. Mercredi 8 juin, Européens et Américains ont fait adopter auprès du conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique une résolution destinée à faire réagir l’Iran, alors que les négociations pour ressusciter l’accord de 2015 sont au point mort. Le texte, élaboré par les États-Unis et l’E3 (France, Allemagne et Royaume-Uni), exhorte la république islamique à coopérer avec le gendarme onusien, chargé de s’assurer du caractère pacifique du programme iranien dans le cadre de l’accord conclu en 2015 à Vienne, dont les États-Unis se sont retirés trois ans plus tard.
La résolution, adoptée mercredi à Vienne par 30 membres, à l’exception de la Chine et de la Russie, alliées, est le premier blâme imposé à l’Iran par l’instance onusienne depuis juin 2020. Une « action politique, non constructive et incorrecte », a réagi le ministère iranien des affaires étrangères. Le texte pourrait théoriquement être ensuite soumis au Conseil de sécurité de l’ONU et servir de base à la reprise des sanctions internationales imposées aux Iraniens avant l’accord de 2015, mais se trouverait in fine bloqué par les vetos chinois et russe. L’AIEA et les Occidentaux ont peu goûté la fuite en avant de l’Iran, qui continue à muscler son programme nucléaire « comme jamais auparavant » et « sans justification civile crédible ». Des traces d’uranium enrichi ont notamment été trouvées sur trois sites que Téhéran n’avait pas déclarés comme ayant hébergé des activités nucléaires. D’après les dernières estimations de l’AIEA, le pays, qui dément toujours toute ambition militaire, aura bientôt accumulé suffisamment d’uranium enrichi à 60 % pour construire une bombe.
D’autre part, au moins deux personnes ont été tuées et quatre autres blessées jeudi 9 juin lors de l’effondrement d’un immeuble dans l’ouest de l’Iran, deux semaines après l’écroulement d’un bâtiment dans le sud-ouest du pays qui a fait 43 morts, ont rapporté des médias officiels.
LIBAN – Avec des moyens réduits par la crise économique, les pompiers libanais, l’armée et des bénévoles ont malgré tout réussi à circonscrire le sinistre. Les équipes de secours ont maîtrisé mercredi après-midi le gigantesque incendie déclenché la veille dans la plus grande forêt de pins du Liban, pays où la crise économique a réduit les capacités de lutte contre ce type de sinistres. Après plusieurs heures de travail dans des conditions difficiles, le feu «a été maîtrisé, mais la région touchée est sous surveillance pour éviter un nouvel incendie», a indiqué à l’AFP le ministre de l’Environnement Nasser Yassine qui s’est rendu dans la région. «Nous allons nous rendre à pied dans la forêt (…) pour nous assurer que le feu est complètement maîtrisé», a expliqué à l’AFP Hamad Hamdane, un membre de la défense civile. Le ministre de l’Environnement n’a pas écarté la possibilité que l’incendie ait été déclenché «délibérément».
Par ailleurs, la nouvelle sous-secrétaire d’État américaine pour les Affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, a déclaré que le secteur de l’énergie au Liban est au bord de l’effondrement », mettant en garde contre l’impact que pourrait avoir un effondrement total de « l’Etat et la société » du pays, notamment sur la région.

LIBAN – Le ministre libanais de l’Économie Amine Salam a estimé que tous ceux qui annoncent une crise du pain nuisent à l’intérêt public et créent un état de confusion sur le marché. Il a noté que tous ceux qui publient ce genre de déclaration ne sont pas considérés comme étant fiables. Le ministre qui intervenait sur la chaîne la MTV s’est voulu rassurant: » Le stock est suffisant pour plus de 20 jours, et quiconque a un problème avec son stock, c’est son affaire. Je tiens à obtenir du blé à un prix qui soit honnête pour le citoyen, et nous avons cherché à obtenir des financements de la Banque Mondiale. » » Il y a 20.000 tonnes de blé subventionné disponibles, et les moulins et boulangeries les utilisent. De plus, des crédits ont été ouverts pour quatre navires cette semaine, ce qui signifie que nous aurons plus de 35.000 tonnes, et il n’y a pas lieu de paniquer « , a conclu Amine Salam.
ISRAËL – La ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked, a déclaré jeudi qu’elle avait décidé de surveiller de près les budgets accordés aux conseils arabes israéliens, bien que cette décision puisse faire vaciller davantage la coalition gouvernementale, au bord de l’effondrement. Les mécanismes de contrôle s’appliqueront aux fonds courants alloués au secteur ainsi qu’aux fonds destinés au développement des conseils. Selon Ayelet Shaked, la décision a été prise dans le but de s’assurer que les éléments criminels – qui sont répandus dans la communauté arabe – ne mettent pas la main sur les fonds.
Le dernier plan quinquennal d’Israël a prévu l’allocation d’environ 700 millions de shekels (196 millions d’euros) destinée à stimuler le développement socio-économique des communautés arabes, notamment pour des projets concernant l’aide sociale, les transports, les soins de santé et l’éducation. Cependant, la surveillance étroite de ces fonds par Ayelet Shaked est susceptible de provoquer l’exaspération des responsables politiques arabes.
Lundi, les chefs des partis arabes de la coalition et de l’opposition ont refusé d’approuver la loi sur le statut juridique des Israéliens vivant en Cisjordanie, qui a été présentée par la coalition.
Le projet d’Ayelet Shaked prévoit que les fonds alloués à l’aide sociale des communautés arabes soient contrôlés par le ministère de l’Intérieur, et que l’argent ne soit plus transféré en une seule fois, mais sous forme d’allocations mensuelles.
CISJORDANIE – Un Palestinien a été tué ce jeudi lors d’affrontements avec les forces israéliennes dans le sud de la Cisjordanie, a rapporté le ministère de la Santé palestinien. Les forces de sécurité sont rentrées dans la localité de Halhoul, près de Hébron, pour arrêter un homme recherché quand des heurts ont éclaté. Mahmoud Fayez Abou Ayhour, 27 ans, a succombé à ses blessures après avoir été touché à l’estomac, a indiqué le ministère de la Santé palestinien. Cinq autres Palestiniens ont été blessés lors des affrontements.
L’armée israélienne a dit « vérifier » ces informations et n’a pas souhaité commenter l’incident. Les forces de sécurité sont malgré tout parvenues à arrêter l’homme qu’elles étaient venues chercher.
Par ailleurs, des échanges de tirs ont été rapportés entre les habitants de Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, et les forces du Hamas. Sept personnes ont été blessées.
EGYPTE-ISRAËL-EUROPE – La Commission européenne a proposé aux Etats membres de l’UE de conclure un accord avec l’Egypte et Israël afin d’augmenter leurs importations de gaz naturel provenant de Méditerranée orientale, selon un document daté du 7 juin que Reuters a pu consulter. Ce projet de protocole d’accord, qui pourrait encore faire l’objet de modifications et nécessite l’approbation des Etats impliqués, s’inscrit dans les efforts déployés par Bruxelles, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, pour réduire sa dépendance envers les importations d’énergies fossiles russes. « Le gaz naturel expédié vers l’Union européenne proviendra soit de la République arabe d’Egypte, soit de l’Etat d’Israël, soit de toute autre source dans la région de Méditerranée orientale, y compris d’Etats membres de l’UE », peut-on lire dans ce document de neuf pages. L’UE a dit son intention de conclure un accord trilatéral avec l’Egypte et Israël avant l’été, mais les précisions contenues dans le document ne sont pas publiques. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, est attendue au Caire la semaine prochaine.
Le protocole d’accord courrait sur une période de neuf ans à compter de sa signature, peut-on encore lire, même si cette partie du texte est notée entre parenthèses, ce qui renforce la probabilité qu’elle soit modifiée.
SOUDAN – Au Soudan, la première réunion du dialogue national voulu par le Mécanisme tripartite réunissant l’ONU, l’Union africaine et l’organisation régionale Igad eu lieu mercredi 8 juin à Khartoum en présence des militaires et de ses alliés, mais sans les principaux acteurs de l’opposition et les Comités de résistance, fers de lance d’une mobilisation populaire qui ne faiblit pas.
Le chef des putschistes, le général Abdel Fatah Al-Burhane, a pourtant salué « une opportunité historique ». Mais les forces issues de la révolution de 2019 assument un refus commun de transiger avec les militaires. Leur principe a été écrit noir sur blanc dimanche par les deux plus vieux partis politiques du pays, le parti Oumma et le Parti démocratique unioniste. Deux partis longtemps rivaux mais qui, signe des temps, ont rédigé un texte commun, appelant « au renversement du régime putschiste » et à une Constitution où les autorités seront « entièrement civiles » et les militaires « éloignés de la politique ».
Le même jour, les Forces de la liberté et du changement ont répondu la même chose à l’invitation du Mécanisme international. C’était déjà les termes du Parti communiste, qui s’est entendu sur ce sujet avec les deux rébellions principales du Kordofan et du Darfour le mois dernier. Quant aux Comités de résistance, ils ont déjà publié une Charte de transition excluant les militaires.
ETHIOPIE – Alors que les camions d’aide humanitaire affluent depuis mars vers la province rebelle du nord de l’Ethiopie, le gouvernement d’Abiy Ahmed et les insurgés du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) envisageraient désormais des négociations. D’après plusieurs diplomates africains et occidentaux, les discussions pourraient commencer dès la fin du mois de juin en Tanzanie, probablement dans la ville d’Arusha, connue pour avoir déjà accueilli le processus de paix rwandais en 1993.
A l’origine de ce rapprochement, Olusegun Obasanjo, l’envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique de l’Union africaine (UA), a multiplié ces derniers mois les allers-retours entre Addis-Abeba et Makalé, la capitale provinciale du Tigré. Soutenu en coulisse par des chancelleries occidentales, l’ancien président nigérian âgé de 86 ans plaide depuis septembre 2021 pour un cessez-le-feu permanent et complet entre les autorités fédérales éthiopiennes et les rebelles. La guerre, lancée en novembre 2020 par le premier ministre, Abiy Ahmed, a déjà fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés, et plongé le nord de l’Ethiopie dans une grave crise humanitaire.
SOMALIE – La pluie se fait désespérément attendre dans la corne de l’Afrique. Une sécheresse record s’est abattue sur la région, qui vient s’additionner à la flambée des prix. Les centres de soins tirent la sonnette d’alarme : des centaines de personnes sont déjà mortes de malnutrition cette année. Nombre d’enfants sont dans une situation critique, comme Ali, 3 ans. Sa mère Owliyo l’a porté sur 90 kilomètres jusqu’à la capitale somalienne Mogadiscio. Elle a déjà perdu quatre enfants à cause de la sécheresse. Entre janvier et juin, le nombre d’enfants admis au centre de stabilisation de l’hôpital Banadir souffrant de malnutrition sévère et d’autres complications est passé de 120 à 230 par mois. Alors que tous les regards se tournent vers l’Ukraine, l’aide humanitaire dans la corne de l’Afrique est très largement sous-financée.
Un rapport des agences de l’ONU estime que 7 millions de Somaliens risquent de se trouver en situation l’insécurité alimentaire et près de 200 000 sont sérieusement menacé par la famine. Le programme humanitaire pour cette année n’a été financé qu’à 18% pour l’instant.

INSOLITE – La photo de cette petite fille vietnamienne victime d’un bombardement américain au Napalm est devenu le symbole de l’horreur de la guerre. C’était le 8 juin 1972. Elle avait 9 ans. C’est l’une des photos les plus marquantes du XXème siècle. Elle a reçu le prix Pulitzer.
50 ans après Kim Phuc a retrouvé pour l’occasion « Nick » Ut, le photographe qui a pris les clichés pour l’agence de presse AP. Elle a émigré au Canada où elle vit maintenant avec son mari. Elle est maintenant grand-mère.
« Nous voulions voir le vrai négatif. Ce qui s’est réellement passé ce jour-là… Mes pieds ont été brûlés et tout mon cou, mon dos, oui. Vous pouvez voir toutes les brûlures ici. »
Nick Ut était alors présent au Viêt Nam pour le compte de l’agence Associated Press, par qui il avait été embauché à l’âge de 21 ans à la suite du décès de son frère, photographe au sein de la même agence.
Il réalisa des milliers de clichés de la guerre, dont celle-ci, passée à la postérité. Le 8 juin 1972, il était à proximité du village de Phuc, attaqué par des avions sud-vietnamiens qui ont largué du napalm sur les troupes et les civils. Ut a entendu les cris de Phuc qui courait pour échapper à son village en feu et a pris cette photo.
Après avoir pris les photos d’elle et des autres, il a fait monter Phuc dans son véhicule et l’a emmenée à l’hôpital. Ils sont tous deux d’accord pour dire que c’est ce qui lui a sauvé la vie. Elle avait des brûlures sur plus de 65 % de son corps. Il l’a ensuite conduite dans un petit hôpital, en montrant son badge de presse américain et en exigeant que les médecins la soignent.
« Mon œil a vu Kim courir sans vêtements. J’ai vu qu’elle était en train de brûler. Quand elle est passée, j’ai regardé son corps et j’ai su qu’elle allait mourir dans un instant. C’est pourquoi j’ai mis tout mon matériel photo sur la route. Je voulais l’aider tout de suite. Je ne pouvais plus prendre de photos »
Et depuis ce 8 juin 1972, Nick et Kim entretiennent une amitié indéfectible qui dure depuis un demi-siècle.
CAPITOLE – Depuis sa mise en place il y a près d’un an, la commission, composée de sept démocrates et deux républicains, a mené presque un millier d’entretiens et collecté plus de 100 000 documents. Mais finalement, si l’on excepte la mise en accusation pour outrage de Steve Bannon, ancien conseiller politique de Donald Trump, les résultats et les conclusions sont encore largement mystérieux. Le but affiché est de capter l’attention du grand public avec ces auditions.
La première, ce jeudi soir, aura lieu à une heure de grande écoute, 20 h sur la côte est. Tous les grands réseaux de télévision, à l’exception notable de la chaîne d’information conservatrice Fox News, diffuseront cette émission en direct.
Le terme d’émission n’est pas usurpé. Il y a l’heure de diffusion donc, mais aussi le format. Une heure et demie, peut-être deux heures. Des documents vidéo et audio jusqu’ici tenus secrets seront révélés. D’ailleurs, la commission se fait aider par un ancien haut responsable de la chaîne de télévision ABC News pour préparer la chose.
Après plusieurs jours de suspense, on connaît les témoins qui s’exprimeront. Il y a le documentariste britannique Nick Quested, qui a tourné des images exclusives le 6 janvier au Capitole, encore un homme d’image donc. Et aussi l’officier de la police du Capitole, Caroline Edwards, première membre des forces de l’ordre à avoir été blessée ce jour-là. Elle n’a toujours pas repris le travail.
AMERIQUES – Le président Joe Biden a estimé mercredi que la démocratie était « un élément essentiel pour l’avenir des Amériques », en ouverture d’un grand sommet régional avec l’Amérique latine.
« Notre région est grande et diverse. Nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout. Mais parce que nous sommes des démocraties, nous abordons nos différends dans le respect mutuel et le dialogue », a-t-il dit.
Ce grand « Sommet des Amériques », qui se tient à Los Angeles, est marqué par l’absence de certains chefs d’Etat, notamment du Mexique, du Guatemala, de Bolivie ou du Honduras. Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador en particulier reproche à la Maison Blanche d’avoir exclu Cuba, le Nicaragua et le Venezuela. L’exécutif américain a justifié ce choix par des « réserves » face « au manque d’espace démocratique et au respect des droits humains ».
Joe Biden a aussi vanté mercredi le lancement d’un « Partenariat des Amériques pour la prospérité économique » afin d’encourager une croissance plus inclusive en Amérique latine. « Ce qui est vrai aux Etats-Unis est vrai dans chaque pays. L’économie du ruissellement, cela ne fonctionne pas », a dit le démocrate, qui a déjà plusieurs fois critiqué cette idée selon laquelle l’enrichissement des plus fortunés et des grandes entreprises entraînerait automatiquement celui de tous les acteurs économiques.

BELGIQUE-RDC – Le roi Philippe de Belgique a redit, mercredi 8 juin, à Kinshasa, ses « plus profonds regrets pour les blessures » infligées au Congo belge durant la période coloniale, au deuxième jour d’une première visite en République démocratique du Congo (RDC). Le régime colonial, « basé sur l’exploitation et la domination », était « celui d’une relation inégale, en soi injustifiable, marqué par le paternalisme, les discriminations et le racisme. Il a donné lieu à des exactions et à des humiliations », a reconnu solennellement le souverain dans un discours prononcé sur l’esplanade du Palais du peuple.
Le roi des Belges avait déjà formulé des regrets dans une lettre au président congolais, Félix Tshisekedi, il y a deux ans, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance. C’était alors une première historique. Certains Congolais veulent voir dans cet examen du passé colonial le début d’un « nouveau partenariat », quand d’autres réclament encore excuses et réparations pour les souffrances endurées et les « pillages » des richesses de la RDC.
ESPAGNE – Près de 2000 personnes ont été évacuées dans la nuit de mercredi à jeudi 9 juin en raison d’un violent incendie dans la région de Málaga, dans le sud de l’Espagne, où 10.000 hectares de forêt avaient déjà été détruits par les flammes en septembre 2021. Le feu s’est déclenché mercredi après-midi dans la montagne de la Sierra Bermeja, en Andalousie. Il survient alors qu’une vague de forte chaleur a débuté dans le pays, avec des pics à plus de 40 degrés attendus dans la région. Selon les autorités andalouses, près de 500 pompiers et membres de l’Unité militaire d’urgence ont été déployés pour éteindre l’incendie, décrit comme puissant et «compliqué» à maîtriser en raison du vent et d’un terrain accidenté «difficile d’accès».
La région de la Sierra Bermeja avait déjà été frappée durant une semaine par un puissant incendie en septembre dernier. Le sinistre avait dévasté près de 10.000 hectares de forêt et fait un mort, un pompier de 44 ans.
CHINE – En dépit du déconfinement amorcé depuis quelques jours, Shanghai a annoncé, jeudi 9 juin, qu’elle allait confiner samedi un district de 2,7 millions d’habitants afin d’y dépister l’ensemble de la population.
Le district de Minhang, dans le sud-ouest de Shanghai, sera confiné samedi matin et ses habitants devront passer un test PCR, ont annoncé les autorités locales sur le réseau social WeChat. « La fermeture sera levée après la collecte des échantillons », ont-elles ajouté, sans préciser de date ni d’heure précise, ni quelles mesures seraient prises en cas de détection de cas positifs. En vertu de la stratégie sanitaire nationale « zéro Covid », toutes les personnes testées positives sont en théorie placées en quarantaine.
La capitale chinoise, Pékin, se rapproche, elle, doucement de la normalité après avoir fermé restaurants, bars, salles de sport et parcs le mois dernier pour éradiquer une flambée épidémique – de bien moindre ampleur qu’à Shanghai. Le principal district de la ville, celui de Chaoyang, a cependant ordonné jeudi la fermeture des clubs et des bars après la détection de quelques cas, ont annoncé des médias officiels.

BRESIL – Le chiffre est sorti en « une » de toute la presse brésilienne, mercredi 8 juin : 33,1 millions de Brésiliens souffrent de la faim, un nombre qui a presque doublé en un an. Ils étaient 14 millions en décembre 2020, lors de la précédente étude sur le sujet, également menée par le Réseau brésilien de recherche sur la souveraineté et la sécurité alimentaires et nutritionnelles (Rede Penssan).
« L’augmentation vertigineuse de ce chiffre nous a surpris. Aujourd’hui, 15 % des foyers connaissent la faim, et 30 % des familles sont en insécurité alimentaire. Cela représente 125 millions de Brésiliens qui connaissent un certain degré d’insécurité alimentaire, sur une population totale estimée à 213,3 millions d’habitants », explique au Monde, Ana Maria Segall, professeure en nutrition de l’université de Campinas, membre du réseau Penssan. L’administration Bolsonaro ne serait cependant pas la seule responsable de cette détérioration : sous le gouvernement de son prédécesseur, Michel Temer, le gel pendant vingt ans des dépenses de l’Etat, inscrit dans la Constitution, a eu un effet désastreux sur les plus précaires, selon cette étude. Un exemple parmi d’autres : le budget pour l’aide à l’alimentation était de près de 100 millions d’euros en 2012. En 2019, il est passé à 7,8 millions, soit une diminution de 93 %. Aujourd’hui, il a quasi disparu.
VILLES CHERES – Le cabinet ECA International, spécialisé dans la mobilité internationale, vient de publier son traditionnel classement des villes du monde où le coût de la vie est le plus élevé. L’augmentation des prix – des loyers, de l’énergie, de l’essence et de l’alimentation – renforce le coût de la vie partout dans le monde et conforte la place de certaines villes dans ce classement, quand d’autres bondissent.
Comme en 2021, Hongkong reste la ville la plus chère du monde. Là-bas, un café y coûte 3,88 livres sterling (4,53 euros, au taux de change du 8 juin) et un kilo de tomates 8,57 livres sterling (10 euros). « L‘essence la plus chère au monde se trouve à Hongkong à 2,26 livres sterling (2,64 euros) le litre », relève ECA International.
New York, aux États-Unis, est la deuxième ville la plus chère du monde. C’est deux places de plus que l’année dernière. La faute, selon ECA International, à l’augmentation de 12 % des loyers. C’est pour la même raison, avec une augmentation de 20 % des loyers, que Londres bondit au classement, devenant la 4e ville la plus chère du monde. Troisième du classement, juste devant Londres donc, on retrouve donc Genève en Suisse. Elle précède Tokyo au Japon (5e position), Tel Aviv en Israël (6e), Zurich en Suisse (7e), Shanghai et Canton en Chine (8e et 9e) et Séoul en Corée du Sud, à la dixième place. Notons aussi la place de Singapour en 13e position ou encore Pékin en Chine à la 14e place. Taïpei à Taïwan, 20e au classement, fait son entrée dans le top 20. Paris est à la 11e place.

SENEGAL – Le leader de l’opposition au Sénégal, Ousmane Sonko, a déclaré mercredi à Dakar son intention de défier l’invalidation de sa candidature aux prochaines élections législatives et annoncé son entrée en campagne, sous les acclamations de milliers de partisans. « Quand un ordre est manifestement illégal, il faut désobéir », a dit M. Sonko devant une foule dense et bouillonnante rassemblée sur la place de la Nation, lieu des grandes manifestations, à distance de la présidence et du centre politique de la capitale. « Cette manifestation est un avertissement à Macky Sall (le président sénégalais). Nous lançons aujourd’hui notre pré-campagne. Notre seul ennemi est Macky Sall », a déclaré M. Sonko.
Le Conseil constitutionnel a semé l’incertitude en confirmant vendredi soir le rejet de la liste nationale de Yewwi Askan Wi, coalition menée par le parti de M. Sonko. Cette décision revient à écarter des élections du 31 juillet des figures de l’opposition, à commencer par M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024. Des analystes estiment que cette invalidation crée une impasse dans un climat de tensions qui font craindre des violences.
Le rassemblement de mercredi s’est déroulé dans une atmosphère festive de chants et de musique rehaussée des couleurs nationales vert, or et rouge, sur la vaste esplanade s’étendant autour d’un immense obélisque commémorant l’indépendance. Les forces de sécurité ont tiré quelques lacrymogènes à la fin de la manifestation pour empêcher des manifestants de rallier le quartier gouvernemental du Plateau. « Si Yewwi Askan Wi ne participe pas aux élections, il n’y aura pas d’élections au Sénégal », a prévenu M. Sonko.
UE – Fin du droit de veto des Etats membres, compétences élargies pour l’Union dans la santé et la défense, droit du Parlement européen de proposer des législations: les eurodéputés ont fait jeudi leurs premières propositions de révision des traités de l’UE.
Par 355 voix favorables (154 contre et 48 abstentions), le texte adopté au Parlement européen à Strasbourg demande que les dirigeants des Vingt-Sept déclenchent désormais une procédure de révision des traités en mettant en place une convention. Beaucoup d’eurodéputés souhaitent que cette décision soit prise dès le sommet européen prévu les 23 et 24 juin à Bruxelles, le dernier de la présidence française du Conseil de l’UE.
Les propositions formulées s’inscrivent dans la foulée de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, vaste consultation citoyenne d’un an ayant formulé quelque 300 propositions, dont certaines nécessiteraient pour être mises en œuvre un changement des traités européens.
En cas d’accord des Etats membres pour modifier les textes fondateurs, serait convoquée une convention rassemblant des eurodéputés, des commissaires européens, des parlementaires nationaux et des dirigeants de l’UE. Une ratification est ensuite nécessaire dans chaque Etat de l’UE, éventuellement par le biais d’un référendum si la législation nationale le prévoit, ce qui en 2005 avait tué le projet de constitution européenne.
BCE – La Banque centrale européenne (BCE) passe à l’offensive, face à l’envolée de l’inflation, qui met à rude épreuve le pouvoir d’achat en zone euro. Pour la première fois depuis mai 2011, l’autorité monétaire a décidé de relever en juillet ses taux directeurs et de stopper ses mesures de soutien monétaire en mettant fin à des années de rachats d’actifs. Annoncées à l’issue d’une réunion du conseil des gouverneurs, délocalisée à Amsterdam, ces décisions, largement attendues, marquent un tournant historique après des années de politique d’argent pas cher et abondant.
Alors que les autres grandes banques centrales ont déjà amorcé le resserrement de leur politique monétaire, les gardiens de l’euro « ont l’intention de relever les taux directeurs de 25 points de base lors de la réunion en juillet », avant « une autre hausse en septembre », selon le communiqué de l’institution. Depuis décembre, la BCE a été surprise par la dynamique de l’inflation, qui s’est encore accélérée avec la guerre en Ukraine. Elle a atteint 8,1% sur un an en mai, avec quatorze pays sur dix-neuf de la zone euro se situant au-dessus de cette moyenne. Du jamais vu depuis l’instauration de la monnaie unique et un niveau quatre fois supérieur à l’objectif de la BCE fixé à 2%.

FOOTBALL – Sepp Blatter assure « ne pas comprendre » pourquoi il comparaît pour escroquerie en Suisse aux côtés de son ancien conseiller., Michel Platini. « J’avais simplement cet homme chez moi et il valait son million », a déclaré ce jeudi 9 juin l’ex-patron du football mondial. Agé de 86 ans, l’ancien dirigeant s’est montré très alerte pour son audition par le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone, après être apparu fatigué en fin d’audience mercredi.
Comme depuis l’ouverture de cette enquête en 2015, l’ancien président de la Fifa a affirmé avoir accepté oralement la rémunération réclamée par le triple Ballon d’or lorsque le Suisse s’est appuyé sur son aura sportive pour prendre la tête de la Fifa, en 1998, avant d’en faire son conseiller. « Lorsque j’ai été élu comme président de la Fifa, nous avions un mauvais bilan. Mais je me suis dit qu’un homme qui a été dans le football pouvait nous aider, la Fifa et moi-même », a-t-il raconté. Michel Platini « m’a dit ‘Je vaux un million’. Je lui ai dit : ‘Donc tu seras chez moi pour un million' », a ajouté le Valaisan. Ce dernier a été poussé à la démission en 2015 à la suite d’un vaste scandale de corruption, puis banni du football après le déclenchement de poursuites pénales dans cette affaire. Le parquet accuse Blatter d’avoir validé début 2011 une facture de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) présentée à la Fifa par Michel Platini, alors président de l’UEFA, près de neuf ans après la fin de son travail de conseiller entre 1998 et 2002.
Les deux hommes n’avaient jamais signé d’accord prévoyant un tel salaire. De plus, leur seul contrat écrit en 1999 fixait déjà une rémunération annuelle de 300 000 francs suisses, intégralement acquittée à l’époque par la Fifa. Une nouvelle fois, Sepp Blatter a assuré avoir convenu avec Michel Platini d’un « solde » à régler « plus tard », lorsque les finances de la Fifa le permettraient, dans un « accord de gentlemen » conclu oralement et sans témoins.
UKRAINE – L’armée ukrainienne pourrait reprendre la ville-clé de Severodonetsk « en deux, trois jours », dès qu’elle disposera d’armes d’artillerie « de longue portée », a estimé jeudi Serhi Haïdaï, gouverneur de cette région de l’est de l’Ukraine. L’armée russe tente depuis des semaines de s’emparer de cette ville industrielle de la région de Louhansk, importante pour le contrôle de l’ensemble du bassin minier du Donbass.

Selon le gouverneur Haïdaï, la situation était ce jeudi « très dynamique », avec des combats de rue et des bombardements russes « constants » sur les zones encore contrôlées par les Ukrainiens. « C’est une bataille très dure, très difficile, probablement une des plus difficiles de cette guerre », avait estimé mercredi soir le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. « A bien des égards, le sort de notre Donbass se décide là ».
Les Ukrainiens ne cessent de réclamer des systèmes de lance-roquettes de longue portée aux Occidentaux, et en plus grand nombre. Les Etats-Unis ont déjà annoncé l’envoi de quatre systèmes d’artillerie de précision Himars à Kiev – d’une portée de quelque 80 km, soit légèrement supérieure à celle des systèmes analogues russes, selon les experts. Il faut environ une trentaine de soldats pour manœuvrer ces quatre lance-roquettes, et Washington veut s’assurer que les soldats ukrainiens maîtrisent bien ces systèmes avant de leur en envoyer davantage, a déclaré mercredi le chef d’état-major américain, le général Mark Milley. Le Royaume-Uni a aussi annoncé l’envoi d’un système similaire de lance-roquettes, dit MLRS.
Manœuvres en mer Baltique
Plusieurs dizaines de navires russes prenaient part jeudi à des exercices militaires en mer Baltique, sur fond de tensions croissantes autour de cette étendue stratégique où l’Otan mène aussi des manœuvres actuellement. «Dans le cadre de cet exercice, des groupes navals tactiques de la Flotte de la Baltique ont quitté leurs bases et se sont déployés dans des zones spécifiques», a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Selon lui, environ 60 navires et 40 avions et hélicoptères prennent part à ces manœuvres qui se déroulent également sur terre, dans des centres d’entraînement de l’enclave russe de Kaliningrad. Mardi, une vingtaine de navires russes avaient déjà pris part à un exercice dans cette zone. Les exercices russes interviennent alors que l’Otan mène depuis dimanche des manœuvres navales annuelles d’envergure en mer Baltique, baptisées «Baltops 22», qui doivent durer jusqu’au 17 juin.
D’autre part, dans un long message publié sur Facebook, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a annoncé que les côtes de la mer Noire avaient été dotées de missiles anti-navires Harpoon, de fabrication américaine. Ces dernières semaines, les États-Unis et le Danemark avaient fait savoir qu’ils pourraient livrer ce type d’armes à l’Ukraine.
5 millions de réfugiés
Près de 5 millions d’Ukrainiens ont été enregistrés comme réfugiés à travers l’Europe depuis l’invasion russe du 24 février, a indiqué jeudi le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) de l’ONU. «La guerre en Ukraine a provoqué l’une des plus grandes crises de déplacements de population humaine observées dans le monde», a souligné le HCR.

Au total, 4.816.923 Ukrainiens ont été enregistrés comme réfugiés dans 44 pays européens depuis le 24 février, selon les derniers chiffres publiés en ligne par le HCR. Ils sont bien plus à avoir quitté le pays au total: plus de 7,3 millions de passage de frontière hors d’Ukraine et sans retour depuis ont été enregistrés jusqu’au 7 juin. 2,3 millions d’Ukrainiens sont eux revenus dans leur pays après l’avoir quitté, précise le HCR. Selon les responsables onusiens, ils reviennent notamment pour aller voir leurs proches, vérifier l’état de leurs propriétés, revenir travailler ou aider d’autres à partir.
1,6 milliard de personnes touchées
Les conséquences de la guerre continuent de s’aggraver dans le monde, touchant 1,6 milliard de personnes, a alerté, mercredi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Le blocage des ports ukrainiens par la flotte russe de la mer Noire paralyse les exportations de céréales, notamment de blé. Des pays africains et moyen-orientaux sont les premiers touchés et craignent de graves crises alimentaires. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé ce jeudi l’exclusion de la Russie de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sur fond d’accusations de Kiev de blocage et de vol des céréales ukrainiennes par Moscou.
Par ailleurs, les sanctions imposées à Moscou sont en train d’anéantir une quinzaine d’années de progrès économique de la Russie et trois décennies d’intégration avec l’Occident, selon un rapport de l’Institut de la finance internationale (IFF) publié mercredi. L’IIF prévoit une contraction de l’économie russe de 15 % cette année et de 3 % supplémentaires en 2023.
