Depuis quand les Hommes portent-ils des chaussures ? Des preuves archéologiques permettent peu à peu aux scientifiques de remonter le fil des lacets, afin de déterminer la date à laquelle nos ancêtres auraient eu l’idée de se chausser de brodequins pour protéger leurs pieds des éléments extérieurs.
L’analyse moderne de la momie d’Ötzi, le célèbre homme des glaces, avait par exemple permis de reconstituer sa garde-robe… et d’établir que des lacets en cuir de vache maintenaient certainement une chaussure à son pied il y a environ 5 300 ans. Des peintures rupestres plus anciennes, datant d’il y a entre 13 000 à 15 000 ans, dépeigneraient aussi des chasseurs portant des bottes en fourrure.
Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Ichnos le 28 août 2023, des chercheurs proposent une hypothèse qui repousserait ces dates de plusieurs milliers d’années encore. Ils ont identifié, sur trois sites en Afrique du Sud, des empreintes de pas inhabituelles : leurs caractéristiques suggèrent qu’elles pourraient avoir été faites par des personnes dotées de sandales.
« Nous ne prétendons pas avoir des preuves concluantes de cette hypothèse », précise toutefois à Newsweek Charles Helm, ichnologue (paléontologue spécialisé dans l’étude des empreintes et traces fossiles, l’ichnologie) à l’université Nelson Mandela à Gqeberha (Afrique du Sud).
Au contraire, son équipe et lui tentent plutôt d’identifier des manières fiables de distinguer des empreintes de pas laissées par des pieds nus ou des pieds chaussés.
Afin d’étayer leur théorie et à des fins d’expérimentation, les scientifiques ont donc recréé des sandales simples, inspirées de celles que portaient les San, peuples autochtones d’Afrique australe présents dans la région depuis 44 000 ans : deux couches de peau de vache ont été collées pour former une semelle, percée de trois trous pour y insérer les lanières, faites en peau de vache également.
Et en marchant sur des dunes de sable humide avec ces sandales de fortune, les empreintes laissées se sont avérées particulièrement similaires à celles de Kleinkrantz.
Toutefois, l’âge de ces potentielles traversées en Afrique du Sud reste incertain. Les roches situées près de la dalle de Kleinkrantz ont été datées entre 79 000 et 148 000 ans ; les échantillons prélevés à Goukamma, entre 73 000 et 136 000 ans. Mais pour Charles Helm, « il serait intéressant que les sites soient directement datés », estime-t-il.