Le 23 septembre dernier, dans un de ses revirements habituels, Donald Trump avait déclaré après sa rencontre avec Volodymyr Zelensky au siège des Nations unies, que, l’Ukraine « avec le soutien de l’Union européenne, était en position de se battre et de récupérer l’intégralité de son territoire dans ses frontières antérieures » et « peut-être même d’aller plus loin » . Nouveau changement ce mardi dans une interview à Politico. Le président américain charge lourdement son homologue ukrainien qu’il compare à P. T. Barnum car « c’est un vendeur hors pair ». Phineas Taylor Barnum, un des inventeurs du cirque moderne, avait, rappelle Trump, une expression favorite : « Je peux vendre n’importe quel produit, n’importe quand ». Et c’était vrai. Il disait : « Peu importe si ça marche ou pas… » Il ajoute que Barnum Zelensky « a réussi à soutirer 350 milliards de dollars à ce type malhonnête de Joe Biden. Et regardez où ça l’a mené. Environ un quart de son pays a disparu ».
Plus question de reconquête, ni d’Europe d’ailleurs. Le Trump d’aujourd’hui, naguère lui aussi traité de Barnum et fier de cette comparaison, est persuadé que la Russie gagne cette guerre. Il réaffirme – faussement- que Zelensky n’a pas lu son plan pour mettre fin à la guerre. « Beaucoup de gens meurent. Donc ce serait vraiment bien s’il le lisait d’autant, assura-t-il, que Moscou a l’avantage sur le plan militaire et l’a toujours eu . La Russie est beaucoup plus grande que son adversaire et à un moment donné, généralement, la taille fera la différence”. Aucun respect du droit international, aucune morale, seule la force compte et les profits que Trump et son Amérique pourront retirer.
L’Ukraine devrait donc organiser des élections, a poursuivi le milliardaire qui accuse Kiev d’utiliser la guerre pour s’en abstenir. « Les dirigeants ukrainiens parlent de démocratie mais on arrive à un point où ce n’est plus une démocratie […]. Le peuple ukrainien devrait avoir ce choix » . La loi martiale, en place depuis le début de l’invasion empêche la tenue du scrutin, la présidentielle ukrainienne aurait dû être organisée en mars 2024.
Plus fin que l’Américain, l’Ukrainien a répondu qu’il était prêt à organiser des élections et qu’il va demander aux députés de modifier la loi pour qu’elles puissent se tenir légalement. Ce qui n’est pas gagné. Même l’opposition, qui est contre Zelensky et souhaiterait le voir destitué, se prononce contre les élections, car elle comprend le danger que représente la tentative d’organiser des élections pendant la guerre . On sait que la Russie aura forcément une forme d’ingérence sur ces élections et comment faire pour que tous les Ukrainiens puissent voter librement ? C’est pourquoi, logiquement, le président ukrainien « demande aux États-Unis d’Amérique de m’aider, avec nos collègues européens, à garantir la sécurité des élections ».
Le Kremlin, habitué aux déclarations contradictoires du locataire de la Maison Blanche, a retrouvé le sourire et salue ses propos : « À bien des égards, concernant une adhésion à l’OTAN, les territoires, concernant le fait que l’Ukraine perd du terrain, c’est conforme à notre compréhension. À bien des égards, le président Trump a abordé les causes profondes du conflit », a déclaré à la presse le porte-parole du la présidence russe, Dmitri Peskov.
Ce mercredi, Zelensky devrait remettre à Trump le plan américain qu’il a mis à jour…
