Ce matin, racontent des médias, un jeune syrien se promenait à Damas devant l’Assemblée et rêvait de vote et de démocratie. Il savait qu’il y avait des élections auxquelles il n’était pas convié. « Je soutiens le pouvoir et je suis prêt à le défendre, mais ce ne sont pas de véritables élections » regrettait un homme plus âgé. Il s’agit, en effet, d’un scrutin indirect qui aboutira à l’élection de 140 députés qui seront rejoints par 70 autres nommés directement par le président Ahmad al-Chareh.
Les élus sont désignés par le vote de 6 000 membres de comités locaux plus ou moins choisis par le président, ce qui fait dire à Mohammad al-Abdallah, directeur du Centre syrien pour la justice et la responsabilité, basé aux Etats-Unis, qu’ « en somme, c’est l’exécutif qui nomme le législatif» .
Peut-être, mais il était difficile, voire impossible d’organiser des élections au suffrage direct dans une Syrie post Assad qui sort de 14 ans de guerre civile et qui ne connaît pas sa population actuelle et où le dernier recensement date de 2004. Sans compter le nombre de Syriens expatriés ou réfugiés.
Bien sûr, on peut craindre un manque de représentativité des composantes ethnique et une concentration du pouvoir entre les mains du président. Toutefois, il apparaît qu’Ahmad Al-Chareh, même si l’on ne sait pas jusqu’où il veut aller sur la voie de la démocratisation -sans doute pas très loin- fera en sorte que les « durs », les plus conservateurs et islamistes ne soient pas majoritaires. Afin de satisfaire les Américains et les Européens qui, s’ils ont levé les sanctions, attendent des actes, des décisions avant d’investir dans la nécessaire relance économique.
Peu de Syriens se disent concernés par ces élections indirectes, mais tous espèrent de meilleures conditions de vie. 90% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté et subit des pénuries d’eau, d’électricité et de soins. Le pays, pour se redresser, a également besoin de sécurité. Faute de cette dernière et de stabilité, l’élection n’a pas lieu dans deux provinces druzes et une kurde.
Un quota de 20% de candidates était prévu, mais seulement 14% de femmes briguent les suffrages. A Damas, une candidature attire l’attention, celle d’Henry Hamra, un rabbin américano-syrien qui milite pour sa « une Syrie unie pour tous les Syriens» . Il est le premier juif à se présenter depuis la décision d’interdire aux Juifs de Syrie de se présenter aux élections législatives en 1967.
