Le président Donald Trump a annoncé mercredi que les États-Unis imposeraient un droit de douane de 50% sur toutes les importations en provenance du Brésil, après une querelle publique cette semaine avec son homologue brésilien, qui l’a qualifié d’« empereur » indésirable.
Dans une lettre, Trump a lié ces droits de douane au traitement réservé par le Brésil à l’ancien président Jair Bolsonaro, actuellement jugé pour des accusations de complot en vue d’un coup d’État.
Les taxes ont été imposées « en partie en raison des attaques insidieuses du Brésil contre les Élections Libres, ainsi que contre les droits fondamentaux à la Liberté d’Expression des Américains », précise la lettre.
La monnaie brésilienne, le réal, a accentué ses pertes pour chuter de plus de 2% face au dollar après l’annonce.
Les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial du Brésil, derrière la Chine, et ces nouveaux droits de douane représentent une hausse majeure par rapport aux 10% annoncés en avril.
La lettre de Trump indique que le tarif de 50% entrera en vigueur le 1er août et sera indépendant de tous les droits sectoriels. Elle ajoute que Trump a demandé au représentant américain au commerce, James Greer, d’ouvrir une enquête sur ce qu’il qualifie de pratiques commerciales déloyales du Brésil, notamment concernant le commerce numérique des entreprises américaines.
Lundi, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a critiqué Trump après que le dirigeant américain a menacé d’imposer un droit de douane supplémentaire de 10% aux pays du groupe des BRICS, qu’il a qualifié d’« anti-américains ».
« Le monde a changé. Nous ne voulons pas d’un empereur », a déclaré Lula aux journalistes, interrogé sur l’éventuelle taxe BRICS.
« Nous sommes des nations souveraines », a-t-il ajouté. « S’il pense pouvoir imposer des droits de douane, d’autres pays ont également le droit d’en imposer. »
« Chasse aux sorcières »
Les tensions entre les États-Unis et le Brésil s’étaient déjà intensifiées mercredi, après que le ministère brésilien des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis à propos d’une déclaration défendant Bolsonaro.
Au même moment, Trump, s’adressant à la presse lors d’un événement avec des dirigeants d’Afrique de l’Ouest à la Maison Blanche, a déclaré que le Brésil « ne nous a pas bien traités, vraiment pas bien du tout », ajoutant que les taux de droits de douane seraient fondés sur des « faits très, très substantiels » et l’historique passé.
L’ambassade des États-Unis à Brasilia a confirmé mercredi que Gabriel Escobar, son chargé d’affaires, avait rencontré des responsables du ministère brésilien des Affaires étrangères, sans toutefois divulguer les détails de l’entretien. Le ministère n’a pas répondu aux sollicitations des médias.
Le soutien de Trump à Bolsonaro rappelle celui qu’il a affiché envers d’autres dirigeants de droite confrontés à des poursuites dans leur pays, comme la dirigeante française Marine Le Pen ou le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Trump a qualifié les procédures contre ces dirigeants de « chasse aux sorcières », un terme qu’il utilise régulièrement pour désigner les affaires le visant lui-même depuis la fin de son premier mandat.
Lundi, Trump a déclaré sur les réseaux sociaux que Bolsonaro était victime d’une « chasse aux sorcières ». L’ambassade américaine à Brasilia a publié mercredi un communiqué à la presse locale reprenant ses propos.
« La persécution politique de Jair Bolsonaro, de sa famille et de ses partisans est honteuse et irrespectueuse des traditions démocratiques du Brésil », a affirmé le service de presse de l’ambassade des États-Unis dans un communiqué en portugais.