Pas de relation évidente entre les deux événements, mais il n’est pas aberrant de rapprocher, de comparer l’élection, hier soir, du nouveau pape et le discours de Poutine ce matin. Une sorte d’illustration de la polarisation du monde. Dans sa première prise de parole, Léon XIV a mis l’accent sur la paix dans le monde, l’unité et la nécessité de bâtir des ponts pour relier les hommes. Des mots d’espoir, la certitude que « le mal ne l’emportera pas ».
A Moscou, Vladimir Poutine a, une fois de plus, justifié son « opération militaire spéciale », prolongation de la seconde guerre mondiale pour vaincre, elle aussi, le nazisme ukrainien. Le maître du Kremlin a confirmé cette volonté russe de réécrire l’histoire, de l’instrumentaliser au profit de la Russie. Dans le récit poutinien, le pacte germano-soviétique conclu par Molotov et Ribbentrop n’existe pas, seule compte la victoire acquis par l’armée rouge, majoritairement russe. S’il a, ce matin, remercié les alliés de 1945, il laisse entendre que son pays n’avait pas vraiment besoin d’eux pour l’emporter. Encore une falsification : sans l’aide des Etats-Unis et aussi de la Grande Bretagne qui ont fourni équipements, armes et munitions, l’armée de Moscou n’aurait pu marcher sur Berlin. Certes, elle a largement participé à la victoire sur l’Allemagne d’Hitler, mais les Russes ne sont pas les « vrais vainqueurs ».
Faisant fi de l’histoire passé et actuelle, Poutine proclame que « la vérité et la justice sont de notre côté” et salue « le fier courage et la détermination » de ses hommes qui se battent en Ukraine, « cette force d’esprit qui nous a toujours apporté la victoire ». Pourtant, sur le sol ukrainien, cette victoire n’est pas acquise, son armée qu’il voit puissante n’a pas pu prendre Kiev et avance lentement.
Si Poutine a montré ce matin qu’il n’est pas totalement isolé et peut compter sur la Chine, il fait face à un mécontentement croissant de Trump qui a repris la proposition ukrainienne d’un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours et, soutenu par les Européens, a menacé la Russie de nouvelles sanctions.
Au Vatican, c’est, en revanche, une ouverture totale vers le monde : non croyants et fidèles des religions monothéistes ou non écoutent les paroles pontificales.